Après Indications of the Sea de Jessica Backhaus et Nettement flou de Bernard Plossu, Corinne Dumas, éditrice talentueuse et atypique résidant à Arles, publie à présent un troisième fanzine fait à la main, Dead End d’Antoine d’Agata.

Le petit fascicule enveloppé dans du papier cristal est accompagné d’un tirage signé. Une fois le papier ouvert, l’on découvre une couverture fortement tramée qui laisse planer le doute : s’agit-il de paupière closes ou de la fente d’un sexe féminin ? A bien y regarder il s’agit d’un sourcil et d’une paupière, délibérément érotisé par l’effet de gros plan.

On retrouve dans ce nouvel opus les thèmes chers au photographe : sexe, drogue, situations interlopes, etc., mais l’originalité de l’objet réside dans le fait que d’Agata a cette fois eut recours à l’IA (sauf pour le petit tirage signé qui clôture le fanzine, lui aussi enveloppé dans un papier cristal) qui fait tant polémique aujourd’hui, suscite autant d’espoirs que d’angoisses ! Les corps dénudés se trouvent ainsi plus ou moins distordus, un peu parfois à la manière des «Distorsions» d’André Kertész. L’effet est des plus séduisant. Que l’on adhère ou pas à une telle esthétique, force est de constater qu’elle ne laisse pas indifférent…

Les mosaïques d’images en noir et blanc ainsi qu’en couleur sont accompagnées de textes de Tania Bohórquez, autrice par ailleurs de la quatrième de couverture. L’expérience a été menée à Marrakech en 2022, lors d’une résidence d’artiste, alors que l’IA était encore balbutiante.

Que l’on apprécie ou pas le pathos revendiqué des habituelles scènes ambiguës prises probablement dans un hôtel mal famé et sous l’emprise de produits toxiques, il faut reconnaître la grâce fragile de cet objet éditorial et saluer l’audace d’une éditrice qui a l’ambition de produire des fanzines d’une grande originalité.

Fanzine édité à 250 exemplaires
29 €
Commandes sur le sides édtions www.dumassalchli.com