Le Centre Charles Péguy à Orléans donne aux visiteurs l’occasion de redécouvrir cet écrivain singulier en offrant cet été autour du thème « Visions de Corps » la confrontation de deux artistes contemporains Gabriele Viertel et Olivier Valsecchi donnant du féminin et du masculin une approche singulière.
L’œuvre et l’action de Charles Péguy restent souvent attachées à sa figure de poète chrétien ; alors qu’il s’est toujours battu pour une conception du socialisme qui ne soit pas sclérosée Vichy a abusé de sa récupération. Encore actuellement on compte parmi ses admirateurs aussi bien un réactionnaire patenté comme Alain Finkelkraut qu’un Edwy Plenel qui s’attache au défenseur de Dreyfus. Il est intéressant aujourd’hui de se repencher de façon critique sur ses Cahiers de la Quinzaine publiés entre janvier 1900 et août 1914 dont l’ensemble est consultable en ligne sur le site de la bibliothèque universitaire de Toronto (Canada). Dans une attitude de totale indépendance il s’y consacra en journaliste, chroniqueur, écrivain, éditeur mais aussi comme typographe et comptable. En dehors de ses propres textes on pouvait aussi y lire Alain-Fournier ou Romain Rolland.
On peut aimer se souvenir qu’il dénonçait « Pire que d’avoir une mauvaise pensée. Avoir une pensée toute faite. »
Gabriele Viertel d’origine allemande exerce son métier à Eindhoven aux Pays Bas. Pendant ses études de design elle a posé pour Dior et Lagerfeld. Ce qui lui a permis ensuite de travailler pour l’industrie de la mode. La plus grande partie de ses séries fait évoluer ses modèles en milieu aquatique, ce qui donne toujours, on le sait, un effet de modification des formes et des couleurs d’une grande séduction. Ce devenir baroque du corps féminin joue avec une palette de couleurs d’une réelle intensité. Certaines images mêlant présence du corps et abstractions de tissus sont parmi les plus prégnantes.
Olivier Valsecchi qui appartient au studio Hans Lucas se consacre à la représentation du corps masculin dans différentes attitudes le plus souvent héroïques. Son travail de la couleur toujours subtile accentue la force de chacune de ses séries. Ici il en présente deux Dust la plus célèbre a été à juste titre récompensée par le prix Hasselblad, la seconde Klecsographie utilise un noir et blanc très contrasté pour des montages de corps potentiels. Certaines de ces images jouent trop de la symétrie, la plus intéressante fusionne un corps de femme et un corps d’homme pour une version futuriste d’un androgyne.