Une nouvelle galerie sise au rez de chaussée de l’ex demeure de François Mansart,au 5 de la rue Payenne, accueille les sculptures d’acier inoxydable satiné d’Hélène Vans. De vifs éclats de lumière, d’ombres projetées et de matières hautes en couleurs nous y invitent.
On sait depuis une certaine étude de Deluze combien le pli peut être porteur d’aventures formelles à dimension baroque. Hélène Vans, sculpteur, rejoue cette expérience à partir du trait, de la forme plate d’un pliage qui peut soit devenir matrice d’une impression soit se déployer selon ses trois dimensions.
Après avoir utilisé divers matériaux des plus nobles comme le marbre de Carrare ou plus triviaux comme le plâtre et l’argile, elle expérimente depuis une petite décennie le métal. Comme l’indique le sous-titre de son exposition ses oeuvres exploitent « l’acier tracé, plié, peint ».
Dans l’espace de la galerie qu’elle investit totalement le soleil, les miroirs qui soclent les sculptures et le jeu de leurs ombres portées donne une impression joyeuse qui exalte le lieu. Sans cesse notre oeil sollicité passe d’une impression monochrome suave où la forme pliée se se trouve encrée, à un pliage métallique au mur qui cependant n’apparait jamais décoratif. Puis le concert visuel se poursuit dans un éclatement spatial.
Mais plus qu’à la musique l’artiste fait référence à la danse et son installation apparaît en effet très chorégraphique. Cette approche ne se fonde pas sur une lecture métaphorique mais sur la propriété première que chaque « Furtive » ne possède qu’un nombre réduit de point d’appui au sol. Bien plus encore ce jeu d’équilibre précaire se démultiplie en autant de positions que la sculpture peut prendre sur le socle. Le miroir qui s’y trouve diffuse les coulisses de ses angles morts autant que ses tracés de surface.
Pour la galerie elles apparaissent comme autant de prototypes colorés qui attendent un espace de plein air pour se trouver leurs dimensions maximales.
Les commandes publiques que l’artiste a honoré ont prouvé ce talent en ce domaine. Que l’on repense aux immenses « Feuilles blanches pour la justice » en frontispice du tribunal de Béthune ou les « Furtivités solaires » d’un passage souterrain à Rennes.
Il n’est pas inutile de faire référence à la genèse de cet ensemble conçu dans le parc du château de Lacoste, demeure du marquis de Sade. Une carrière l’y attire, l’idée du plan à déployer dans toutes ses extensions de matière , d’ombre et de lumière y est née à l’occasion d’une résidence. Ces « Furtives » s’en sont échappées, ne gardant que l’or d’une matière brillante, les variantes couleurs de la vie célébrée et un titre « Infini in situ » comme si ces oeuvres n’avaient qu’une vocation faire éclater tous les paramètres d’un lieu. Elle y chorégraphient leur passage, aussi furtif que le nôtre dans la vie. Jamais vanité prise dans ses plis n’exalta avec autant de force et de justesse le déploiement de la création, une respiration.