On a l’habitude de considérer les rapports entre l’entreprise et l’art du seul point de vue du mécénat. L’essai de Christian Mayeur « Le manager à l’écoute de l’artiste » en personnalisant ces possibles relations leur donne de multiples ouvertures. Son intérêt est de s’appuyer sur de nombreux témoignages issus des deux champs de compétence. De multiples perspectives sont ainsi abordées pour envisager d’autres formes de collaborations.
Le livre se structure autour d’un grand nombre de chapitres principalement formulés grâce à un verbe d’action à l’infinitif sur le modèle de l’avant-propos « Partager le désir, l’urgence et l’art d’entreprendre ». Ces recommandations s’adressent d’abord aux responsables d’entreprises à qui l’auteur de l’essai conseille :
« Anticiper comme les artistes.Réconcilier le temps des affaires (Kronos) et le temps de la vie (Kairos). Stimuler les trois énergies de l’entreprise : statique, cinétique et pneumatique. »
Il ne faudrait pas croire que ces modifications restent superficielles, elles manifestent une véritable ambition qui s’exprime par exemple ainsi
« Redessiner régulièrement le portrait de l’entreprise pour réactiver son devenir. » mais qui peut être plus exigeante encore jusqu’à espérer
« Inventer l’hyperentreprise du XXIe siècle. »
Le livre s’ouvre sur une préface du fondateur et dirigeant de Sodexho qui accompagne son expérience propre de celle d’une jeune diplômée d’H.E.C. spécialisation « Management des Arts et de la Culture ». D’autres types de responsables sont aussi interviewés pour prouver que ces nouvelles relations sont applicables à d’autres champs de l’entreprise. Pour « provoquer les ruptures créatrices » on peut faire confiance à Michel Maffesoli qui affirme à leur sujet « Les entrepreneurs les plus performants sont capables d’intégrer le ludique, l’imaginaire et l’onirique à côté de la raison »
Les témoignages sont recueillis auprès d’artistes de toutes sortes de disciplines Alain Bashung, le chanteur, le sculpteur Daniel Firman, ORLAN plasticienne féministe, Kimiko Yoshida, photographe, un performer comme Laurent Tixador ou un critique comme Nicolas Bourriaud.
Bien entendu Christian Mayeur fait référence comme réussite de ces nouveaux rapports à ce courant récent des « entreprises-fictions » dont l’un des principaux représentants Yann Toma fondateur de Ouest Lumière témoigne : « L’entreprise fictionnelle peut apporter de l’oxygène aux entreprises réelles ».