Encore une très riche édition de Drawing Now cette année, elle est accueillie au Carreau du Temple pour la quatrième fois. Sous la direction artistique de Philippe Piguet le dessin à l’international et sous toutes ses formes s’y affirme en pleine expansion. Cette pratique très contemporaine trouve de nouvelles collaborations avec les autres arts et redéploie ses paramètres fondamentaux.
Si cette année les stands étaient relativement traditionnels avec beaucoup de focus monographiques intéressants dans la partie Emergences on ne pouvait qu’apprécier le all over de Thomas Lévy Lasne chez Backlash. Au même niveau, Philippe Piguet toujours soucieux de pédagogie, proposait un ensemble très sensible autour de la thématique A fleur de peau
Beaucoup d’artistes actuels recherchent un rendu photographique, l’un des plus intéressants Till Freiwald est présenté par les belges d’Aeroplastics qui éclate les formats. Cela peut donner lieu aussi à des pratiques mixtes où la photo se trouve prolongée par des traits dessinés qui actualisent des liens familiaux chez Mounir Fatmi (Analix Forever) ou des traits plus agressifs qui viennent caviarder des visages célèbres par José Manuel Egea. Sa galerie Christian Berst Art Brut a publié l’an dernier une superbe monographie. On pouvait aussi reconnaître la finesse du travail paysager d’Anne-Lise Broyer sur support argentique ( La galerie Particulière).
Plusieurs plasticiens sont influencés par les rendus architecturaux parmi les plus novateurs on peut citer Keita Mori (Catherine Putman) ou Paul Pagk (Eric Dupont).
Plusieurs artistes dressent l’aventure d’un fil qui se tord et se déforme pour faire figure, en petit format Rainier Lericolais (Nosbaum Reding) joue de silhouettes féminines tandis que Stephane Mulliez (Galerie La Ferronerie) utilise ses fils pour réunir personnages et bâtiments de ses collages. Plus spectaculaire les constructions en fil de fer de Nina Ivanovic (Galerie DixNeuf) investissent l’espace et jouent de leur projection sur le mur.
Des artistes connus dans d’autres disciplines montrent leur recherche dessinée, c’est le cas de la sculptrice Claire Morgan (Karsten Greve) , du peintre Philippe Cognée avec des foules (Galerie Oniris), de la performeuse photographe Vanessa Beecroft (Galerie Lia Rumma avec Caroline Smulders) , ses corps au visage décalqué rappellent ses défilés menés avec ses clones féminins. C’est aussi avec un réel bonheur que l’on trouve les dessins de la sculptrice d’origine polonaise Alina Szapocznikow (Loevenbruck) qui complètent ses formes biologiques.
Le travail du support permet des rendus plus matiéristes, dans la préparation de ses espaces urbains c’est ainsi que procède Maxime Duveau
(Galerie Houg), tandis qu’Hassan Musa (Galerie Maïa Muller) superpose ses interventions à des impressions d’autres civilisations. Dans ce type de pratique la plus convaincante est sans conteste Eva Grün présentée par les suisses de Römerapotheke.
L’autre révélation de cette foire Stéphane Mandelbaum (exposé ici par la Galerie Tristan) dont la courte vie dramatique (1961-1986) n’a pas empêché une production aussi singulière que provocatrice. Son néo-expressionnisme est à retrouver dans le petit catalogue publié à cette occasion tandis que son aventure humaine a donné lieu à un texte passionnant écrit par Gilles Seban : « Mandelbaum ou le rêve d’Auschwitz »( Les impressions nouvelles, édition)