L’artiste brésilienne Fernanda Gomes expose à la Galerie Emmanuel Hervé un travail réalisé pour le lieu. L’espace rue Jouye-Rouve est investie par un assemblage qui donne à voir la construction d’une pensée aussi subtile que singulière.

L’exposition de Fernanda Gomes, actuellement à la galerie Emmanuel Hervé, déploie avec modestie un travail aussi subtil que puissant. L’espace de la galerie est investie par l’artiste qui y place plusieurs constructions légères et interventions minimales. L’ensemble constitue moins une installation qu’un réseau d’idées et de propositions plastiques.

Ces assemblages sont constitués à partir de matériaux pauvres recueillis sur place, principalement du bois, parfois peint en blanc souvent laissé comme tel. Les jeux de construction et d’équilibres peuvent rappeler le travail de Sarah Sze. Fernanda Gomes pousse cependant plus loin l’interaction de ses pièces avec l’environnement. Il existe une porosité entre l’assemblage réalisé et l’espace qui l’accueille. Les constructions révèlent la matière même du lieu, la peinture utilisée est la même que celle des murs de la galerie, les tasseaux de bois sont ceux qui servent aux cimaises et au montage de l’exposition.

La force du geste de Fernanda Gomes et qu’il ne transforme pas ces matériaux. Les objets conservent dans l’assemblage leur présence et leur neutralité quotidienne. C’est dans les écarts et les rapprochements que se déploie ce qu’on pourrait poser, en termes cinématographiques, comme une dialectique de montage. Fernanda Gomes travail comme si elle appliquait l’outil du montage cinématographique au montage de l’exposition. Ce faisant, elle ne réalise pas un accrochage des œuvres, mais fait du montage de l’exposition, le lieu et le centre du travail.

L’œuvre est en équilibre entre ces différents états. L’exposition apparaît moins comme une strate supplémentaire que comme une reconfiguration de l’existant. Regarder le travail de Fernanda Gomes demande une multitude d’infimes déplacements du regard et de la pensée. Il s’agit de désassembler l’œuvre attendue pour percevoir les écarts que l’artiste propose, d’autres angles, d’autres idées. C’est dans ce mouvement que l’on mesure toute l’intelligence plastique déployé dans l’éclairage inattendu d’un paysage pourtant familier.