Depuis 2013 Elli Lorz mène une exploration documentaire du territoire du Sahara occidental occupé par les Marocains. Traces, paysages, portraits et textes se combinent au service d’un témoignage global sur une situation historique très peu médiatisée.
Un voyage initial performé à vélo nourrit sa première collection de photos constituant La signalétique au Sahara. Dans une logique d’échelle à accommoder les vues satellitaires révèlent les manipulations de censures approximatives du pouvoir.
Puis un zoom paysager nous conduit vers les sites témoignant des Identités en chantier qui se focalisent sur les diverses mainmises de l’occupant. Sur place son intérêt pour les surfaces scarifiées de traces l’amène à collationner une série de Graffitis hauts en couleurs manifestant les réactions politiques.
Le recueil des témoignages des résidents comme des résistants enrichit des textes sur les situations les plus contraignantes. Ceux qui ne parlent pas conservent des Pierres du désert, servant aux ablutions comme de refuge thérapeutique, faute de transmission historique. Le voile d’ombre qui protège l’identité menacée de ces témoins ajoute à la puissance de l’œuvre.
Elle a conduit la photographe à être interdite de séjour sur le territoire du Maroc. Preuve de l’efficacité de ce travail, cette situation l’amène à développer, à distance, les dimensions de fiction documentaire de son œuvre si exigeante.