galerie ACDC, dernière galerie avant New-York

En parallèle de la FIAC, les foires « off » se multiplient (Show off, Slick, Les Elysées de l’art), allongeant de quelques kilomètres les visites d’un public curieux de découvrir les différents best-of concoctés par les galeries et font de la capitale parisienne un lieu désormais à part, en tous points comparable à un village gaulois divisé face à une exigence de visibilité.

La balade du critique verse dans le parcours du combattant et le bilan de ces différentes manifestations prend l’allure d’une page web dont le scroll n’arriverait jamais au bout. On pourrait épiloguer ainsi sur la cote en hausse ou en baisse de certains artistes, commenter l’émergence d’autres ou avoir à redire sur ce qui est donné à voir. Peut-être, au beau milieu de cette multitude, faut-il jouer ici la carte du singulier.

La galerie ACDC, présente cette année à Slick, a fait le double pari de la jeune création et de l’éloignement géographique de Paris. Existant depuis 2006, elle se situe à Brest, « presque au bout du monde » aiment à rappeler Simon Gicquel & Emeric Ducreux, les directeurs. Jeunes galeristes, jeunes artistes, défi à la mesure. Depuis ce cap breton, l’ambition de la galerie est non seulement de faire découvrir de nouveaux talents mais aussi de promouvoir leur travail dans un rayonnement national et international.

Affaire à suivre lorsqu’on se penche sur la qualité des travaux défendus. Vincent Mauger a rejoint depuis peu la galerie. Ses sculptures tissent un espace où les objets se confondent à leur perception : structures architecturales renversées et semblant en apesanteur comme dans un rêve, plafond dont l’affaissement trop accusé renverrait à un souvenir pénible d’étouffement, champ de mines en bois mêlant images de guerre aux jouets de l’enfance. Ces pièces, comme celles de Julien Discrit, réinstallent la mémoire du corps dans les objets de notre quotidien. C’est comme si aujourd’hui les artistes se jouaient de la valeur d’usage que l’on réserve habituellement à toutes les choses qui nous entourent. Les œuvres sont comparables à une bildung, image désignant en allemand aussi bien la représentation de la chose que la capacité de cette forme à accueillir la perception. Le regard sur l’art s’engagerait alors dans une voie anthropologique : l’œuvre comme mise en écrin d’un rapport entre sujet et monde. La perspective s’offrant alors ne serait plus celle, unilatérale, de l’histoire de l’art et d’un axe temporel mais celle d’un axe spatial, l’oeuvre jouant dans une formation de symbole, étoilant le corps dans l’espace qu’il habite.

Artistes de la galerie : Antoine Dorotte, Hop Là ! Nous Vivons, Bettina Hutschek, Pierre Labat, Briac Leprêtre, Samir Mougas, Vincent Mauger, et pour certains projets Julien Discrit.