Galeristes 19, une édition qui vaut pour son Anthologie de l’Art français

Le Salon Galeristes vient de se tenir pour la 4e fois au Carreau du Temple. Il continue de s’affirmer par une circulation fluide avec des stands ouverts, dans une scénographie conçue par l’architecte Dominique Perrault. Quarante galeries, dont 18 nouveaux exposants, y étaient réunis. 16 d’entre eux se consacraient à un solo show , ils étaient rassemblés autour d’un choix opéré par Stéphane Corréard d’une Anthologie de l’art français.

Cela constituait le temps fort de cette édition qui souffrait quelque peu d’un certain essoufflement. Beaucoup d’exposants assuraient leur présentation avec plusieurs artistes. Chez Thierry Bigaignon un dialogue exigeant s’instaurait entre les oeuvres photographiques d’Henri Foucault et d’Yves Trémorin pour sa dernière série EVA.

Les révélations y étaient peu nombreuses si ce n’est celle du jeune flamand Mathieu Van Staelens à la galerie ALB – Anouk le Bourdiec. Ses dessins de petit format au stylo bille rehaussés de touches colorées sont produits sur un support transparent qui renforce leur aspect miniature.

Une initiative éditoriale reste à saluer : celle de Mohamed Bourouissa soutenue par la plateforme de production Homaar. Cinq T-Shirts illustrés de monuments réalisés avec des dessins performatifs sont complétés par cinq photographies couleurs inédites, tirées à 100 exemplaires et vendu 460 euros.

Parmi les courants présents dans l’Anthologie on retrouvait la figuration narrative, la poésie visuelle et Supports Surface mais surtout des artistes aux démarches singulières. Les oeuvres matiéristes de Jean Pierre Bertrand ( Galerie de France) gardent la même séduction mystérieuse. Dessins et surtout sculptures de Michel Nedjar ( Christian Berst Art Brut) assurent la petite concession à un art brut de qualité. Il est heureux de retrouver à la galerie Pauline Pavec les collages de ce fabuleux poète que fut Gherasim Luca, ses réinterprétations d’oeuvres de l’histoire de la peinture avec son procédé de la cubomanie sont d’une grande force plastique.Les idéogrammes contemporains de Tania Mouraud sont accrochés à la galerie Claire Gastaud. Sémiose nous permet de découvrir les toiles réalistes d’André Raffray issues de scènes du cinéma populaire. Philippe Favier poursuit son parcours toujours aussi exigeant qui développe son univers graphique fait de signes miniatures, l’éditeur Bernard Chauveau qui a ouvert récemment la galerie 8+4 présente ses dernières oeuvres dont une série d’encre sur gravures anciennes.

Le stand le plus convaincant était celui de la galerie Binôme avec le duo de plasticiens Lisa Sartorio et Thibault Brunet. Tous deux créent des concrétions d’images qui ont fait qu’ils ont pu participer l’an dernier à la Biennale de l’Image Tangible organisée dans le 20 e arrondissement parisien par François Ronsiaux.
La première agit façon collage numérique dans la multiplication de silhouettes d’armes de guerre qui font paysage dans un changement d’échelle.
D’autres accumulations d’images reproduites sur des mouchoirs d’homme en tissus s’organisent en sculpture comme des monumentsindivuels à des événements tragiques.

Thibault Brunet continue d’interroger l’espace construit avec des outils technologiques de plus en plus sophistiqués pour un résultat plastiquement époustouflant. Sa Boîte noire poursuit la virtualisation du réel, sonde l’espace urbain à travers le dispositif de la machine scanner afin de révéler les formes souterraines d’un inconscient technique.

Le prix Filaf -Galeriste 2019 récompensant le meilleur livre d’art édité par une galerie a été attribué à juste titre à X-ray memories de Lindsay Caldicott (http://www.lacritique.org/article-lindsay-caldicott-l-iconographie-de-l-inconscient-faite-collage ?var_recherche=Lindsay%20Caldicot) publié par Christian Berts Art Brut avec une préface de Marc Lenot.