Hélène Delprat, sans limites, à la Maison Rouge

« I did it my way » proclame fièrement le tire de l’exposition ! de fait, le choc est assuré : peu de repères pour y entrer , et à l’évidence, rien ne sert de s’accrocher aux grilles de lecture habituelles. Car on pénètre peu à peu dans un univers hétéroclite, foisonnant, onirique – fort dérangeant !

A la suite d’un long mur couvert de citations de toutes origines, on débouche sur des variations sur le thème de l’âne tandis qu’au mur un assemblage de livres donne tout de suite le ton de la curiosité insatiable de l’artiste : on se promène de Pline l’Ancien à Frankenstein en passant par Aby Warburg ou H.G. Wells – le monde antique interpénètre les grands récits fantastiques ou le monde d’un grand historien d’art, le tout étant constamment mêlé, malaxé et réinterprété en construction personnelle. « I did it my way » proclame Hélène Delprat.

« Elle n’est pourtant pas irraisonnable », écrit Corine Rondeau (1), « c’est une centrifugeuse, un ogre à l’appétit sans limite. La forme encyclopédique est pour elle un moyen de se mettre en marche la forge de son art, dont le feu est dérivé du sens poétique du verbe « forger – créer, inventer, imaginer » (1).

Tout se mêle : des animaux en ombres chinoises, des grilles de châteaux, des escaliers qui ne mènent nulle part et des personnages d’Ancien Régime, de doctes références hermétiques, des fragments de chansons populaires, des souvenirs de lectures ou des rails de tournage, un projecteur qui tourne sur lui-même tout en décrivant un cercle sur un rail de tournage dardant de flashes tout ce qui passe à portée, le tout étant encadré par d’immenses peintures savamment composées, où s’enchevêtrent toutes sortes de signes et de personnages, comme pour raconter une histoire mystérieuse.

On pourrait passer des heures à les décrypter. Heureusement, l’expo dure jusqu’au 17 septembre. A voir et revoir !

(1) texte du catalogue co-édité par la Maison Rouge et les éditions Fage – (Hélène DELPRAT est à voir aussi à la galerie Christophe Gaillard qui a prêté plusieurs œuvres et qui présentera à son tour une exposition de l’artiste du 9 sept au 21 oct. prochains)