Aperture vient juste de rééditer le joyau de Hosoe Eikoh : Kamaitachi. « Réédité » n’est d’ailleurs pas le terme exact, car il s’agit d’une adaptation du livre original, déjà réédition en 2005…
Il s’agit ici d’une belle édition accessible, rendant honneur, pour les quarantr ans de la première publication, à ce qui est probablement la plus belle œuvre de Hosoe.
Elle est le résultat d’une collaboration étroite entre le danseur Tatsumi Hijikata et le photographe durant de nombreuses années, et tout particulièrement entre 1964 et 1968. Durant cette période, Hosoe cherche à photographier le paysage de ses souvenirs marquants d’enfant évacué de Tokyo vers le Tohoku, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mais il est hors de question de photographier le paysage tel quel… car il s’agit de photographier le souvenir de ce paysage et c’est pourquoi, avec Hijikita, le photographe et le danseur vont réinvestir le démon Kamaitachi, afin de rendre expressif ce paysage, de rendre vivants leurs souvenirs d’enfance.
En 1969, le travail se concrétise dans un livre de grand format, chaque image se dépliant intégralement afin de ne jamais avoir le pli de reliure gênant la lecture. Une impression travaillée dans les plus subtiles nuances de gris, allant d’un noir profond à un blanc vierge… Accompagné d’un poème de Toyoichiro Miyoshi et bénéficiant d’une mise en page réalisée par Ikko Tanaka, ce livre fût un succès immédiat.
Sa réédition quasi à l’identique en 2005 fût épuisée immédiatement, et nous pouvons nous réjouir aujourd’hui d’avoir cette adaptation permettant de redécouvrir les images avec une excellente qualité d’impression.
Un livre à ne pas manquer.