À chaque bouleversement technologique, depuis l’apparition de l’ordinateur personnel, les artistes, appâtés par de nouvelles capacités d’émancipations créatrices, s’engouffrent avidement dans ces évolutions. L’intelligence artificielle est un de ces nouveaux bouleversements, il est difficile, même en posture réfractaire, de s’en absoudre.
En passant par la cafetière connectée, les deepfakes, la guerre augmentée par IA, ou l’assistance automatisée, elle est devenue aussi une démarche et tendance artistique. Pour les artistes, on pourrait comparer ça à l’apparence de Photoshop.
Comme à chaque outil, une partie des créateurs ont l’usage de s’autosatisfaire de la puissance des possibilités offertes, et de se laisser entrainer dans un conformisme commode.
Nous avons avalé à grandes bouchées du midjourney automatisé comme une grande confiture surréaliste de nos relents civilisationnels. Les artistes se sont laissé séduire par la facilité de ce nouvel outil.
Puis sont arrivés de vraies recherches, de vrais questionnements et de vrais procédés de travail, c’est le cas de l’artiste Jean-Jacques Balzac.
Artiste sous pseudo, sans site internet, sans contact mais assurément prolifique, il rentre dans la catégorie des architectes artistes à cheval sur deux activités qui peuvent s’opposer ou se complémenter.
Jean-Jacques est avant tout architecte, puis s’est intéressé à l’IA par le biais de son métier pour la détourner ensuite en un outil créatif.
Comme pour pallier à la rigueur du métier d’architecte, ses créations générées par intelligence artificielle sont devenues des extensions fantasmagoriques d’une architecture narrative, introspective et vivante.
Ayant réussi à rompre avec la facilité, et à contrôler le processus de génération d’images, pour laisser s’exprimer l’IA dans des scripts et scénarios définis, l’auteur réussit à créer une ambiguïté réaliste, et à apporter de la subtilité.
On peut parler d’une augmentation post Bauhaus, où la nature devenue partie intégrante du processus créatif, participe à une reconstruction métaphysique d’un paysage devenu fictif et suggéré.
La mise en exergue de nouvelles possibilités, à la frontière du tangible et de l’intangible, liées inexorablement à notre besoin de fixer des limites et de s’en absoudre, ou comment redéfinir les lois précédemment admises d’un ordre naturel autogéré depuis des millions d’années.
Dans l’univers de Jean-Jacques Balzac, l’IA collabore avec l’humain, elle n’est plus prestataire de services, mais tente de recomposer l’ancien monde et d’en recréer un nouveau.
Jean-Jacques Balzac
Wrong architecture illustrations
Employé dans une agence d’architecture, Jean-Jacques Balzac est l’un de ces nombreux architectes anonymes et souhaite le rester. À ses moments perdus, souvent dans les transports, il élabore un corpus d’images architecturales navigant aux frontières du réalisme et de l’absurde, déployant une douce ironie constructive. Olivier Namias