Iconomania, les technologies à l’oeuvre

Dans les 1000m2 du 37, rue de Turenne dans le Marais le MAIF Social Club accueille une intéressante exposition Iconomania qui fait un point sur les usages multiples des nouvelles technologies dans l’art contemporain. Au rez de chaussée de l’ex-bâtiment industriel les locaux ont été aménagés avec une structure évolutive qui permet de ménager des espaces pour chaque œuvre tout en fluidifiant la circulation des visiteurs.

Florence Guionneau-Joie la commissaire de l’exposition a été formée à Bordeaux III, en dehors de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage pour des expositions nationales et internationales elle avait déjà organisé Histoires d’automates à Neuilly en 2013. Elle interroge ici l’identité numérique à l’œuvre dans des pratiques actuelles. On y trouve les très grands noms de cet art diffusé depuis une vingtaine d’années.

Dans une telle programmation on attendait Miguel Chevalier, ici présent avec Méta-Cités 4 une œuvre récente de réalité virtuelle générative, ou Samuel Bianchini qui présente son installation liée à un dispositif internet All over de 2009. Le couple franco- autrichien Laurent Mignonneau et Christa Sommerer, connu pour leur production de plantes bio-générées et qui collaborent depuis 1991 lors de leur rencontre à l’Institute for Media confrontent ici le visiteur avec son portrait interactif qui se reforme lentement grâce au mouvement sur l’écran de mouches dans un face à face en trompe- l’œil avec ce nouveau type de miroir évolutif.
On retrouve aussi avec plaisir, Charles Sandison artiste finlandais, trop peu montré en France. Sa projection vidéo Génome de 2006 fondée sur l’analyse de plus de 20 000 gènes humains fait varier à grande vitesse des portraits d’apparents nouveaux nés dont l’identité se déforme à grande vitesse.

Martin Le Chevallier aime procéder par détournement, notamment de serveurs vocaux téléphoniques, ou comme ici de jeu de vidéosurveillance. Vigilance 1.0 nous amène à jouer pour surveiller des passants, comme à son habitude ses œuvres instaurent une distance ironique pour mieux dénoncer la facilité des technologies à encourager la délation sociale. Un autre duo de jeunes artistes Emilie Brout &Maxime Marion dénoncent aussi la surveillance identitaire des individus avec Nakamoto (the Proof) qui insiste sur le fichage auquel nous sommes soumis.

Un autre duo signant Scenocosme nous met en contact sensible avec son installation interactive Akousmaflore , à nos touchers de ses feuilles la plante génére des réponses musicales et sonores. L’artiste chinois Du Zhenjun utilise lui les effets d’un phénomène naturel qu’il recrée , le Vent, pour animer une scène où le le même personnage masculin interprète différentes scènes de métiers quotidiens. Il poursuit ainsi sa critique sur la société de l’information et ses manipulations de l’individu.

S’il est un très grand artiste que l’on est étonné de trouver ici c’est bien le peintre Philippe Cognée, dont on connaît les peintures à la cire marouflée sur toile et chauffée pour déformer les contours. Les images qui servent de base à ces œuvres sont en fait issues de recherches internet d’images google view à 360° qui poursuivent sa quête des foules et des espaces urbains, cette Tour Noire est d’une grande puissance dans son interprétation picturale si particulière à l’artiste.

La diversité des supports convoqués et des projets ainsi mis en œuvre prouve que cette exposition montre parfaitement l’évolution de ces techniques dans l’art contemporain. Si le système interne de communication des œuvres est parfait on peut regretter que cette mise au point très réussie ne bénéficie pas d’un accompagnement éditorial.