Ivan Capote, artiste cubain représenté par la galerie Havana/Luis Miret, fait un travail de scultpure qui fait jouer signes et significations dans des propositions visuelles non dénuées d’humour. Adepte des associations hétérogènes, des contractions de sens opposés, il rassemble des éléments épars et divergents et provoque une nouvelle lecture des signes.
Relax est une sorte de casque d’écoute formé à partir de coquillages fixés sur une structure de fer et de plastique adaptée au port sur la tête. Coupé du fil technologique, le casque sonore ne diffuse que le souffle de la mer contenu dans les coquillages.Une oeuvre à l’image peut-être de l’île de Cuba, aux rapports complexes avec les productions industrielles symbolisées dans cet objet hifi populaire. Celui-ci n’est branché que sur l’océan, seul horizon pour une île qui refuse de voir ce qui se passe sur les côtes.
Hide est composé de demi-lettres sculptées formant, grâce au jeu d’ombre qui projette leur moitié manquante, le mot « Hide ». L’ombre participe pleinement à l’être du signe, permet la lecture de sa signification, dévoile le cacher/é. Par un jeu rappelant les dispositifs de Markus Raetz, Ivan Capote s’empare des lois de la lumière pour mettre sur le même plan le réel et son ombre, association créatrice d’un troisième niveau de réalité, celle de la création d’un objet porteur de nouvelles singifications. Dans Risk, il fait également coexister deux idées antynomiques, celle du risque et celle du plaisir (placer), figurant l’une par un objet la symbolisant, la lame de rasoir, et exprimant l’autre par le mot lui correspondant. La confrontation ouvre sur une immersion dans la duplicité des émotions, en particulier de celles libérant souffrances ou plaisirs.
On est ainsi dans une recherche qui s’articule autant sur les significations que sur les moyens de les véhiculer, et sur les possibilités de créer des sculptures oximoriques par une fusion hétéroclite, formellement et conceptuellement. Des associations au cœur du réel et son double, de la frontière confuse entre être et non être, entre l’affirmation de l’un et de son contraire. L’univers créé est alors aussi étonnant et drôle qu’ancré dans les structures dun réel. Les sculptures de Ivan Capote proposent ainsi des jeux d’images qui sont autant de jeux d’esprit.