La galerie Olivier Waltman organise une exposition monographique de Jean Pierre Attal « Alvéoles Vol.2 » jusqu’au 12 décembre 2009. Cette représentation de la société du monde du travail dans les tours de la Défense dont l’architecture plus aérienne disparaît presque, offre au regard une multitude de détails, et donne à voir l’invisible de l’univers clos du tertiaire.
« J’étais fasciné l’hiver par les lumières qui jaillissaient de l’intérieur des bureaux, en fin d’après-midi. Cet univers social attirait mon regard, mais la problématique que je devais résoudre était celle du point de vue. Ne plus percevoir cet univers en contre-plongée, mais être face à ces immeubles m’a demandé un véritable travail de repérage. Comment photographier le contenu et non le contenant ? J’ai été amené à frapper à la porte des gens…à accéder à des terrasses d’immeubles avec la complicité de gardiens, à travailler depuis des passerelles de train et de R.E.R. J’utilise de très grandes focales, et les mosaïques de codes se dessinent derrière ces vitres closes : le mobilier de bureau, l’universalité de formes, les codes vestimentaires des employés…un open space venant illustrer des méthodes de management moderne. » Le propos de Jean-Pierre Attal n’est pas la dénonciation mais le questionnement.
Pourtant ses prises de vue offrent une navigation du regard, même si l’on est dans un univers clos. Dessins d’enfants, carte postale au mur, manteaux accrochés, décoration de Noël …et l’intime fait son entrée, chaque être ayant recréé une partie de son propre univers dans cet espace standardisé. Partition d’histoires, les notes s’envolent et des murmures s’entendent dans un ensemble photographique symphonique.
« J’ai commencé à travailler sur ces thématiques en 2000. Une photographie est à l’origine de ma démarche : « Miroir d’aliénation » (1999) qui représentait 153 photographies de pare-brise de voitures sur le périphérique. Elle m’a libéré de la photographie traditionnelle du cliché unique. Puis l’ordinateur a fait son entrée dans mon univers. Je ne me contentais plus d’une seule prise de vue, et je me libérais des contraintes de format. Mettre en grand, révéler les détails d’une mosaïque de voitures. Voici le point de départ de ma quête. J’ai le sentiment d’être un chercheur scientifique, je dois connaître l’état de la science au moment où je travaille, et en tant que créateur, je dois apporter une strate nouvelle » Jean Pierre Attal se définit comme un archéologue du social : « La matière première de mon travail est l’humain dans la ville…le décryptage de la réalité urbaine…le rapport de l’individu à un paysage social, lorsque les gens ne sont plus des individus mais deviennent des fonctions. »
Dans sa préface à « Chroniques urbaines » catalogue d’Attal Christian Gattinoni écrivait « Dans cette archéologie sociale, Jean-Pierre Attal démythifie d’abord les lieux de pouvoir. Puis à la recherche de monographie des masses sociales, il transcrit la concomitance des échanges économiques et des corps à leur service, ces corps auxquels est redonné un espace fictionnel de convivialité et qui trouvent ainsi, dans ces « alvéoles », les lieux où exercer leur singularité, sinon leur identité. »