Un nouveau livre de photographies de Didier Ben Loulou, photographe franco-israëlien et inlassable chantre du bassin méditerranéen, sobrement intitulé Judée, vient de paraître aux éditions La Table Ronde (Paris). Le photographe nous convie à une méditation photographique dans les paysages et fragments de corps humains de cette terre désertique, biblique et originaire…
Petite surprise, contrairement aux nombreux autres opus publiés par Didier Ben Loulou, le format de ce très beau livre à la couverture rigide n’est pas carré mais cette fois rectangulaire… Pourtant, comme d’habitude, ses photographies saturées de couleur et de lumière sont bien carrées ; aucun recadrage. Son style est aisément identifiable. Le photographe travaille en effet depuis toujours au Hasselblad 6 x 6 cm et en diapositive.
Petite surprise, contrairement aux nombreux autres opus publiés par Didier Ben Loulou, le format de ce très beau livre à la couverture rigide n’est pas carré mais cette fois rectangulaire… Pourtant, comme d’habitude, ses photographies saturées de couleur et de lumière sont bien carrées ; aucun recadrage. Son style est aisément identifiable. Le photographe travaille en effet depuis toujours au Hasselblad 6 x 6 cm et en diapositive.
La bibliographie à la fin du livre est impressionnante : il a publié depuis 1996 pas loin de 23 livres ! Il n’est certes pas aussi prolixe que Bernard Plossu (qui me semble-t-il bat tous les records en la matière) – adepte comme lui des subtiles veloutés des tirages charbon Fresson pour les expositions – mais on est quand même à une moyenne d’environ un livre par an ! Et l’on ne peut que se réjouir de cette régularité tant la pratique sensible et exigeante de Ben Loulou détonne depuis 25 ans dans une ennuyeuse scène post-conceptuelle à laquelle je n’ai personnellement jamais adhéré. Dans ce livre les mots ne servent pas à justifier la pratique à l’aide d’obscures ratiocinations, ils sont plutôt échos littéraires et philosophiques qui orientent seulement le regard.
Le même soin qu’à l’habitude est apporté à l’impression, et, soulagement, le livre ne recèle aucune double page mutilant les photographies dont les graphistes raffolent tant et contre lesquelles je peste si souvent dans mes critiques… Seule la taille des images varient pour créer un rythme.
L’incipit du livre est signé Antoine de Saint-Exupéry : « J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence… » Pour la quatrième de couverture, Ben Loulou s’est placé sous l’égide poétique d’Arthur Rimbaud : « Si j’ai du goût, ce n’est guère / Que pour la terre et les pierres. »
Un joli texte introductif d’une page signé du Dr. Guila Clara Kessous, « Artiste de l’Unesco pour la Paix », ouvre l’ouvrage.
Mais surtout le photographe a rédigé un très beau texte poétique et sensitif vibrant comme les éléments primaires dans le paysage silencieux, minéral et rude, de ce désert qui commence ainsi : « La Judée, c’est ce désert de premier matin du monde ; ce sont les monts de Moab violets et irréels, à l’aube ; les chardons bleus qui vibrent dans l’air brûlant quand « à certaines heures la campagne est noire de soleil » ; les wadis, les cyprès ; le berger qui mène son troupeau entre deux collines, les tiges d’avoine dans le vent de mai et la chaleur aride du Khamsim ; les ruines du temps des croisés… » L’auteur d’ Une année de solitude (Arnaud Bizalion Editeur) récit autobiographique auquel j’ai consacré ici en 2021 un article, nous livre une longue énumération d’une page scandée par des points virgules qui hypnotisent et conditionnent notre imaginaire avant d’ouvrir sur les cahiers de photographies en couleur au pelliculage mat.
C’est un livre saturé de silence et de spiritualité, de sensualité aussi, qui est une nouvelle fois proposé, dans la droite lignée des précédents livres, à l’amateur de photographie.