La 1ere Biennale d’Architecture investit Orléans et la région Centre Val de Loire

Cette première biennale d’Orléans mise en place par le FRAC Centre et son nouveau directeur Abdelkader Damani avec Luca Garofalo occupe toute la ville à travers 8 lieux et déborde en région avec les Tanneries d’Amilly, la Box et le Transpalette de Bourges et la Fondation du Doute de Blois. L’ensemble des propositions nous incitent à « Marcher dans le rêve d’un autre. »

La principale artère de la ville, la rue Jeanne d’Arc, qui conduit à la célèbre cathédrale voit le pavoisement habituel des fêtes populaires remplacé par une vingtaine de drapeaux reproduisant des créations architecturales de la scène expérimentale espagnole. On y admire les tours Satellites de Mathias Goeritz, les Histoires de Déchets d’Ana Penalba ou Les Mondes Petits et Doux de Maria Mallo.
De même pour rendre visible la manifestation l’agence italienne2A+P :A a installé devant la Médiathèque un imposant cabinet de curiosité de 5,5m de haut et autant de côté dédié aux dessins d’Ettore Sottsass. Tandis que la galerie interne accueille sa série de photographies Metafore qui déclinent une approche si poétique du paysage mis en perspective par des installations minimales qui fonctionnent comme autant de machines de vision.
Toujours dans l’espace public la structure itinérante de la Borne installée en centre villeaccueille l’archive photographique de Gilles Ehrmann pour le pavillon français de Venise en 1970. Cette réalisation de Claude Parent célèbre pour sa collaboration avec Paul Virilio est illustrée en images qui documentent l’installation du « praticable »produit selon La ligne de la plus grande pente.

Des lieux culturels consacrés comme la Collégiale Saint Pierre Le Puellier sont aussi mis à contribution. Parmi d’autres œuvres se détachent les dessins informatiques du slovaque Jozef Jankovic, réponse graphique à son exclusion politique en tant que bâtisseur. L’installation du libanais Bernard Khoury In Order of Appearance fait dialoguer une centaine de photographies de ses réalisations avec des suspensions de boîtes qui diffusent son témoignage sonore de rencontres avec des personnes qui ont contribué à la mise en place ou à la finalisation de ses constructions.

La majorité des œuvres sont exposées dans le bâtiment des Turbulences. Toutes les pratiques y sont représentées. Les intérieurs virtuels de l’artiste allemande Annett Zinsmeiter constituent des modules organisés en grille pour devenir des machines à percevoir l’espace. A l’opposé les Maquettes abandonnées du chinois Mengzhi Zeng apparaissent comme des brouillons d’ « anarchitectures » dont la matière de papiere et de carton colorés renforcent l’aspect esquissé entre dessin et pré-structures.
L’espagnol Juan Navarro Baldeweg pratique photomontage et dessin sur tirage, ses images sensibles réalisées en couleurs interrogent les écosystèmes pour de nouvelles relations en quête d’une symbiose entre l’Homme et la Nature. Les photographies performées par l’autrichien Mario Terzic relate ses tentatives de voyage intérieur en Icare aux ailes bricolées.
Ugo La Pietra , archi et designer italien dans sa série Récupération et renouvellement datant de 1969 à 1975 traduit par ses réalisations mixtes dessin et photographie des formes de Réappropriation de la ville.
Beaucoup plus technologiques les sculptures proliférantes de l’agence anglaise Minimaforms se veulent en lien avec les « interactions émotionnelles quotidiennes d’où naît cette Emotive City.

L’invité d’honneur est Patrick Bouchain qui s’est fait connaître du grand public pour ses réalisations au service de plusieurs troupes de circassiens comme la Volière Dromesko ou Zingaro autant que par la transformation de lieux d’art tel le Magasin de Grenoble. Cette monographie couvrant la période 1967-2017 a été rendue possible par la donation des Archives du créateur nomade. Un autre aspect de son travail est dû à la collaboration avec le collectif PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines) auquel participe notamment Laurent Malone connu comme plasticien et éditeur. Ensemble ils ont créé une installation sur la 36001e commune de France mémoire de « la jungle de Calais ».

L’ensemble de ces œuvres en questionnant par la fiction proximités et altérités donnent à partir de réalisations urbaines de tous ordres une place aux utopies d’un monde mieux partagé.