A l’Isle-sur-la Sorgue la fondation Villa Datris a été créée en 2011 par deux collectionneurs Danièle Kapel-Marcovici et Tristan Fourtine pour défendre tous les aspects de la sculpture contemporaine. Chaque exposition estivale annuelle s’accompagne d’un abondant catalogue. Dans une volonté pédagogique et ludique les thèmes abordés restent assez généraux et fédérateurs. Si deux expositions ont invité des « Sculptrices » puis des « Sculpteurs du sud, l’art du volume est souvent étudié dans ses liens à diverses composantes n : « Mouvement et lumière », « Architecture » et pour cette édition « la nature ».
On ne peut que saluer la qualité générale des propositions qui n’a d’égale que leur diversité. Les très grands noms attendus sont représentés avec un rappel des précurseurs du land art comme Robert Smithson (présent avec un fim sur la Spiral Jetty)ou Nils Udo et encore évidemment Giuseppe Penone, pour l’arte povera.
Chacune des petites salles des trois niveaux de la Villa invite à un parcours thématique. La « matière nature « nous donne l’occasion de nous confronter au théâtre de carton et de bois d’Eva Jospin qui met en scène une « Forêt ». Les « Beautés biologiques » affrontent notre civilisation technologique comme une revanche que Michel Blazy prend sur les téléphones et ordinateurs envahis par la terre et les plantes qui les colonisent.
L’évolution des éléments naturels nous les montre comme « sous acide ». Une étrange alliance entre culture « et humains qui la regardent » font fleurir dans un seau en plastique un double cœur vénéneux tandis que Carstent Höller nous invite à contempler ses « champignons jumeaux ».
D’autres créateurs poussent plus avant ces « Natures fiction » : Laurent Pernot nous amuse avec son cactus pris dans a neige tandis que « La grande Cabane » de bois de Gilles Barbier suggère une architecture empruntant à l’arbre son énergie verticale.
Les modèles mathématiques permettent un renouvellement des formes , juste retour des choses puisque le modèle fractal on le sait soit inspiré de la structure de l’arborescence des branches. Certes les modules de « Germination Rates on four Poles » de Loris Cecchini apparaissent quelque peu froids les vidéos et sculptures 3D de Miguel Chevalier demeurent fascinantes.
Si l’évolution humaine dans une nature idéalisée s’intègre dans un nouveau « Jardin d’Eden », ses occupants subissent d’étranges évolutions : « L’homme de Bessine » de Fabrice Hyber devient une étonnante fontaine tandis que Johan Creten le transforme en un inquiétant totem doré.
Cette exposition offre aussi la découverte d’artistes moins connus comme Anne Mougeot et son étrange dépouille médicamenteuse ou Ricardo Brey avec une sculpture plus minimale composée d’une grande photo et de petits objets . Berndaut Smilde lui répond avec une étagère murale au socle d’ange sur lequel repose un jardin publique miniature.