Évoquer la Méditerranée sans tomber dans les stéréotypes relève de la gageure, tant le berceau de la civilisation occidentale, théâtre aussi de tant de conflits contemporains, fait souvent l’objet de récupérations douteuses. Difficile de ne pas tomber aussi dans les clichés !
L’essai évite ces écueils en proposant une approche intersémiotique particulièrement originale de cet espace maritime. Dans style clair, resserré, partant du postulat que « tout paysage est d’abord le produit de l’art », Alexandre Castant aborde la méditerranée comme une « mer des passages entre images ». Il s’agit avant tout d’ un espace ou plus exactement d’espaces imaginaires et nomades, riches de paradoxes et de contraires, aux multiples facettes. Les images abordées, qu’elles soient fixes ou en mouvement, ne cessent de déployer de fascinants et complexes jeux de miroirs.
« Le paysage comme médium » , consacré au film Méditerranée de Jean-Daniel Pollet est l’un des chapitres les plus aboutis, ainsi que le passionnant « Des paysages sonores » (par ailleurs homme de radio, l’essayiste est un spécialiste du son dans la création contemporaine).
Le cahier iconographique qui conclut l’ouvrage, remarquablement imprimé, contient des œuvres stylistiquement aussi variées que celles de Bernard Plossu, Bernard Guillot, Florence Chevallier, François Méchain, Corinne Mercadier et Jean-luc Godard.
La briéveté de l’essai peut a priori dérouter, tout comme peut dérouter, pour la raison inverse, l’épaisseur de l’essai que vient de publier Arnaud Claass aux mêmes éditions Fligrannes. On ne pourra toutefois dans les deux cas que recommander la lecture de ces essais (même si Arnaud Claass, adepte de la philosophie zen, préfère lui parler de « méditation ») érudits et passionnants, si stimulants intellectuellement.