La Performance et ses archives

Une quinzaine d’auteurs réunis à Nice en 2012 à l’occasion de l’exposition « A la vie délibérée ! » organisée aves le Pavillon Bosio de Monaco témoignent du statut des images, des objets et traces des performances qui en constituent souvent la seule archive. Ce livre publié aux Presses du réel en 2013 complète d’autres ouvrages sur le sujet comme ceux de Arnaud Label-Rojoux (ici intervenant) ou de Roselee Goldberg pour tenter d’approcher ce courant si singulier de l’art contemporain dont les territoires restent si flous puisque mitoyens d’autres pratiques radicales.

Les actes de colloque ne sont pas toujours révélateurs de l’intérêt et de la vivacité des échanges, notamment quand la spécificité universitaire des intervenants n’aboutit qu’à un collage approximatif d’expériences hétérogènes. On pouvait craindre ce défaut avec un sujet aussi fluctuant et divers que la performance et son histoire. Il n’en est rien. Raphael Cuir, président de l’Association Internationale des Critiques d’Art – France et Eric Mangion, directeur de la Villa Arson ont réussi à regrouper des expériences faisant chorus pour donner une image vivante de la performance depuis les années 1960 dans ses relations complexes à ses archives. C’est qu’en ce domaine acteurs et théoriciens sont souvent les mêmes personnes et que leur témoignage fournit une matière riche à l’histoire de l’art et à la critique.

Depuis 2007 la Villa Arson a lancé une recherche sur la performance et son histoire depuis 1951 qui a abouti à la mise en place d’un site internet de référence performancce-art.fr. Historiens et critiques d’art, conservateurs européens , philosophes et artistes invités viennent compléter ce panel. Le caractère international de ces propositions est assuré grâce à la collaboration avec le Getty Research Institute.

Mehdi Brit relate son expérience éditorial avec Sandrine Meats pour interroger dans une perspective d’enregistrement documentaire les principaux acteurs de la scène performative française pour un ouvrage paru en 2014 aux éditions Continuum-Diapo.
La méthodologie de « l’Acte pour l ’art » et de ses deux éditions successives épuisées et devenues cultes est analysée par son auteur, l’artiste et enseignant Label-Rojoux.,

Les organisateurs rendent hommage à un événement fondateur en ce domaine le Symposium international d’Art Performance de Lyon organisé en 1978 par ORLAN et le critique et curateur Hubert Besacier qui intervient ici. Lui même rend à François Pluchart et à sa revue Artitudes ce qu’il doit en ce domaine et notamment la découverte du genre par la révélation du travail de Gina Pane.

Patricia Brignone réfutant la célèbre formule de Lacan selon laquelle l’avenir du document est le monument démontre qu’en matière de performance la trace suscite le plus souvent des anti-monuments, allant à l’encontre de ces habitudes muséographiques consistant à exacerber le caractère artistique des photographies témoins.

Si le caractère unique , dans un lieu et un temps donné sont une de ses caractéristiques, pour rendre l’archive vivante l’attitude récente de sa reprise, de son re-enacment s’est mise en place ces dernières années que l’artiste reprenne elle même des performances d’autres performer comme Marina Abramovic le fit pour Seven Easy Pieces au MOMA ou que la même institution lui rende hommage en invitant de jeunes créateurs à rejouer les principales œuvres.