L’art en questions, trente réponses

Créées en 1993 pour défendre des textes fondamentaux de l’architecture les éditions du Linteau se sont ouvertes depuis sept ans aux arts plastiques.Un petit ouvrage publié en 1999, « L’art en questions, trente réponses » en est aujourd’hui à sa cinquième édition et reste opérant.

Les questions posées par les trois auteurs Colin Cyvoct, Gilles Marrey et Marie Sallantin, tous trois peintres s’adressent à la pensée critique de notre époque. Sur la centaine d’auteurs contactés, trente ont pris le temps de répondre à cinq importantes questions. Ce corpus est tout à fait significatif puisqu’on y trouve des acteurs très engagés dans l’art contemporain, universitaires comme Bernard Lafargue, Dominique Château ou Yves Michaud, de grands journalistes comme Harry Bellet ou Laurent Boudier, des institutionnels comme Bernard Goy ou Jacques Leenhardt , des critiques Paul Ardenne, Philippe Piguet, Pierre Restany, ou Ramon Tio Bellido. La littérature n’est pas oubliée avec d’aussi sérieux protagonistes que Alain Jouffroy, Marc Le Bot ou Marcelin Pleynet et la sociologie est présente grâce à l’incontournable Nathalie Heinich.

Le questionnaire lui inverse la perspective de celui proposé à l’ouverture du siècle en 1905 par le critique du Mercure de France, Charles Morice, ami de Gauguin. Après une première question positive sur les courants et artistes émergents de cette fin du XX° siècle, les questions deviennent plus polémiques sur la fin des avant-gardistes, le retour de la peinture et de la sculpture, le rapport entre art et communication ou la volonté déceptive de l’art dans son opposition aux aspirations muséales. La diversité des spécialistes qui s’attachent à répondre diversifie à l’extrême les points de vue et s’éloigne du présupposé quelque peu trop orienté des questions. 

Il est certain que l’intérêt du livre est de regrouper des réponses qui ne connaissent pas la langue de bois.

Il est tonique ainsi de lire Harry Bellet rédacteur au Monde, défendre d’abord dans cette nouvelle évolution les œuvres avant que l’artiste ou le courant auquel il appartient, cette évolution là fait le dynamisme de notre scène actuelle. Quant à la question du goût elle se pose toujours de la même façon en esthétique et Bernard Lafargue, enseignant à Bordeaux III, nous le rappelle : « l’esthéticien, un tant soit peu soucieux d’étymologie, a toujours hybridé goût, plaisir, intérêts, croyances, morale, politique, économie, métaphysique, théologie, sciences humaines, etc. pour apprécier l’intempestive beauté pensante des œuvres d’art ». Ce type de nécessaire rappel fait tout l’intérêt de l’ouvrage.