Sous la direction artistique de Sylvie Boulanger, directrice du cneai et de Michael Woolworth, le salon MAD se tient pendant ces trois jours à la Maison Rouge. Les producteurs de multiples artistiques ont des statuts différents : trois écoles d’art y sont préentes à côté de nombreux petits éditeurs, d’une ou deux galeries et de structures moins identifiées. L’ensemble témoigne d’une bonne santé de la création éditoriale alternative.
L’on a toujours plaisir à retrouver des éditions d’œuvres de Georges Rousse, la galerie Catherine Putman nous en offre l’opportunité. Mais la diversité des propositions de Les douches, la galerie retient toute notre attention. Autour du mixed media des éditions de moyen format de John Baldessari dialoguent avec les subtiles captures de vent de Jacqueline Salmon réalisées à Toulon. De beaux tirages argentiques noir et blanc de Vivian Meier répondent aux architectures si merveilleusement structurées par la chambre de Stéphane Couturier. Pour les écoles du réseau national les publications langagières de Le Havre –Rouen font face à celle des Arts Décoratifs de Strasbourg. A côté des nombreux objets en tirage limité le travail fictionnel de Julie Deck Marsault se matérialise dans des livres singuliers où l’échec de la relation humaine fait œuvre sensible.
Un enseignant du même établissement Philippe Lepeut a créé toute une collection de vidéo d’artistes sous le label Ecart Production. Parmi les pionniers de cette discipline deux dvd réunissent les œuvres de Robert Cahen. On y trouve aussi des créateurs singuliers dont la vidéo est une des composantes du travail comme Marcel Dinahet, Francisco Ruiz de Infante ou Christelle Familiari, plus de nombreux jeunes auteurs à découvrir dont Clément Cogitore ou Ramona Poenaru.
Si les éditeurs de T-shirts relevant d’un art conceptuel de la sentence sont nombreux, il était cocasse de retrouver les chemises du groupe UNTEL marquées du label TOURISTE se trouver en proximité des affiches si intelligemment provocantes des Guerilla Girls, les deux à l’initiative de mfc-Michèle Didier.
Parmi les jeunes maisons d’éditions , trois enseignants de l’ENSP d’Arles se distinguent par leurs initiatives : les Editions du détail de Nicola Giraud explorent les aventures de Jacques Chirac au pays du minimalisme tout en défendant les images d’Isabelle Giovacchini. Fabien Vallos poursuit aux éditions MIX. sa quête philosophique en portefolio de cartes postales et petits livres précieux. Olivier Cablat au nom de la galerie 2600 poursuit l’aventure de ses maisons-canard tout en défendant de jeunes auteurs comme François Bellabas et son Digital Disaster avec l’édition de portefolio d’une dizaine d’images vendu à des prix très abordables .
A côté de ces propositions récentes MAD accueille aussi un éditeur suisse Art&Fiction produisant depuis 16 ans de nombreux livres associant souvent textes et dessins et autres propositions plastiques. Ces petits ouvrages réalisés avec grand soin mêlent essai et fiction pour mieux approcher la création en train de se faire.
L’une des propositions les plus novatrices est dûe à Punto de Fuga qui réunit une collection de livres d’artistes sur l’Europe, Images d’un territoire fragmenté autour des thèmes de l’exil, la mémoire et la révolte. Laura Carbonell collabore avec les architectes de Landfabrik, ensemble ils imaginent la localisation de cette collection au Freeport de Genève qui fut le lieu d’une spéculation sur des œuvres d’art. On trouve dans cette collection des livres comme Hidden Islam sur des lieux de prière cachés, ou le portefolio Eldorado qui prélève à Calais une subtile poésie chorégraphiée des gestes du quotidien. Cette collection réunit approches purement plastiques et démarches de fiction documentaire des plus convaincantes.