L’artothèque de Vitré publie avec les éditions La manufacture de l’image un catalogue assez complet de l’oeuvre d’Hervé Le Nost sous le titre « My favorite things ». L’occasion de découvrir cet ensemble apparemment fort disparate mais d’une grande force plastique.
Pour mieux appréhender cette diversité on doit se référer aux trois rencontres essentielles qui lui ont permis de mettre en place sa propre esthétique. Ces trois personnalités rares sont l’un des plus grands critiques du XX ième siècle, Bernard Lamarche-Vadel, qui lui a donné sa chance assez tôt, , un représentant important de l’école anglaise de sculpture Richard Wenworth qui fut son enseignant et l’un des artistes les plus engagés dans l’aventure de l’image contemporaine, Antoni Muntadas , lors de son séjour pour la Villa Médicis Hors les murs à New York.
Dominique Marchès permet à l’artiste de revendiquer cette triple influence dans l’entretien qui ouvre cette publication. C’est l’occasion pour le critique de qualifier cette aventure artistique : « Hervé le baroque, une oeuvre composite et nomade. »
L’entretien se poursuit sur l’usage spécifique fait des techniques de la céramique et du verre qu’il a expérimenté en France et à l’international, parallèlement à la photographie.
Le livre est construit en trois grands chapitres progressifs selon l’importance physique des pièces produites. Les petits assemblages révèlent d’abord une forme « d’intimité contenue. » Les sculptures et installations montrent la façon dont l’auteur procède à « une appropriation des espaces ». Plus ambitieuses encore les très grandes pièces produisent « un débordement des volumes ».
Après l’introduction générale d’Isabelle Tessier à l’initiative de cette publication, chaque chapitre convoque à la fois un critique pour un point introductif complété par de courts témoignages d’artistes ayant collaboré avec l’auteur.
Pour les petites pièces, l’usage du verre lui permet d’agencer se singuliers « graffitis en trois dimensions », figures drolatiques pleines d’invention. Les porcelaines réunies en assemblage peuvent constituer « un étrange monde flottant » ou un fragile « jardin portatif ».
Pour les oeuvres de petite ou de moyenne dimension le modèle générique de la tête humaine est très présent. La série créée à partir des vases Odetta en fait partie ainsi que celle des « Farfelus exotiques ».
En extension dans l’espace de la galerie ou du musée les installations sont composées de pièces réalisées avec des matériaux et des techniques très divers : verre, pvc, métal, éponge, aluminium, acier , bronze … La force plastique de cette oeuvre réside dans les variations pluri-artistiques où l’image photographique occupe un rôle central. De telles oeuvres peuvent prendre une dimension d’évocation de la nature comme pour « L’île » our trouver une dimension plus philosophique avec « Le tourbillon de. La vie » créé par lors de sa résidence au Quartier éphémère à Montréal.
Ses installations de grande dimension peuvent entrer en dialogue avec la musique comme dans « De concert » présentée en 2019 à la galerie du Temple de l’artothèque de Vitré. Les oeuvres les plus monumentales sont aussi les plus baroques. Eva Prouteau dans son texte critique « Les géants sont tombés » en voit la preuve « dans l’éclectisme des matériaux (…) dans l’empilement des temporalités (….) dans la variété des paysages qu’elle nous invite à traverser ».
Ces oeuvres impressionnantes sont souvent la résultante de commandes, de résidences et sont dans leur majorité produites en extérieur.
Toujours en recherche dans les variations à l’infini des techniques comme des matériaux, Hervé Le Nost poursuit sa recherche nomade d’un baroque actuel multiforme aussi joyeux que tonique.