Galerie de photographies crée en 1981 par Catherine Derioz et Jacques Damez, « Le Réverbère » est l’une des rares galeries françaises installées en province (à Lyon) qui a su d’une part résister dans le temps, mais aussi gagner en reconnaissance au fur et à mesure de ses engagements tant auprès des artistes que des institutions, du marché de la photographie que des acteurs du monde de l’art.
C’est aussi pour cela que www.lacritique.org a choisi de voir dans son accrochage « des noces d’argent » mais aussi dans l’édition qui accompagne cette date anniversaire, l’expression d’une intelligence de la photographie, tant sur le plan de l’image que sur celui de son édition.
L’exposition :
Ainsi, sur les murs des différents espaces de la galerie, ont été accrochées, par les galeristes et pour la circonstance, une ou deux photographies choisies par chacun des vingt photographes représentés par le Réverbère. Le don et la confiance des artistes ont alors contribué à faire que se côtoient des oeuvres parfois d’époques mais aussi de styles ou de générations différents.
Dès l’entrée, l’ami fidèle William Klein fait face au voyage mural mais oh combien juste et poétique des petites photographies carrées noir et blanc d’un des derniers arrivés au Réverbère – Thomas Chable- qui elles, jouxtent sans heurt l’esthétique plus plasticienne d’une des dernières oeuvres de Lionel Fourneaux – photographie couleur en grand format d’un livre ouvert improbable dont l’espace vierge invite aussi bien au rêve qu’au doute, à l’évasion qu’à la contemplation de sa propre matérialité. Plus loin, sur l’estrade, sorte de fond de scène prêt à recevoir les acteurs de ce nouveau théâtre de photographies, dialoguent un intriguant portrait noir et blanc de Jean-claude Palisse, quelques « Miroirs aux alouettes » de Béatrix von Conta – photographies où le paysage est confronté à sa démultiplication miroitique – et deux « Figures déliées » entre nature et poésie d’Yves Rozet. Cette confrontation des genres se retrouve plus loin lorsque Denis Roche a été entouré par les espaces photographiques de Laurent Dejente ou les postures cinématographiques de Géraldine Lay. Mais on peut aussi continuer à feuilleter l’histoire du Réverbère en redécouvrant les oeuvres d’Arièle Bonzon – première artiste à être entrée à la galerie dès 1982- voisinant avec les tondos lumineux de Rip Hopkins ou l’émouvant tableau chorégraphique de doigts d’ André Forestier. Bref, toute une galerie de portraits d’auteurs pour qui la photographie fait partie de la vie comme elle nourrit celle des créateurs du « Réverbère ».
Et s’il est possible parfois de classer certaines galeries de photographies en fonction du style, de la mode, des noms qui font le marché de la photographie, « Le Réverbère », lui, se distingue par son regard exigeant et ouvert dont l’unité artistique se donne à voir dans le choix des photographes dont aucun ne cesse de revendiquer son style au gré de renouvellement toujours empreint d’une vraie personnalité photographique.
Le livre :
Cette constante dans la prise de risque assumée et réussie, on peut la retrouver dans l’ouvrage que « Le Réverbère » a eu soin d’éditer à l’occasion de ces vingt-cinq années de choix, de prospections, de bonheur mais aussi de difficultés.
Rien ou peu n’est omis, d’une part dans le dialogue sensible et proche que Jean-Pierre Nouhaud – ami des deux galeristes- a entretenu au fil de ce quart de siècle, d’autre part dans la maquette élégante et respectueuse que Jacques Damez a élaborée pour et grâce aux vingt artistes représentés par « Le Réverbère ».
Comme le rappelle justement Catherine Dérioz, c’est par le livre qu’elle et la plupart d’entre nous, ont à l’époque découvert grand nombre de photographes. C’est grâce au livre qu’une histoire de la photographie mais aussi l’histoire de ceux qui la font, la défont, la déplacent, bref la font être et vivre, existent et font que la photographie est peut-être aujourd’hui ce qui fait paradoxalement vendre le plus de livres….
Que le livre anniversaire des vingt-cinq ans du « Réverbère » prenne place dans les bibliothèques des historiens, des photographes mais aussi de tous ceux qui s’intéressent à l’aventure d’une galerie, c’est à dire à celle d’une famille dont les liens sont désirés au fil d’une création partagée mais toujours en partage.