Les arts modestes, une relecture à la Maison Rouge

Quels que soient les doutes entretenus personnellement vis à vis de l’esthétique d’Hervé di Rosa la confiance dans la programmation de la Maison Rouge m’a incité à voir l’exposition du fondateur du Musée International des Arts Modestes . Expérience encore une fois concluante.

Le collectionneur compulsif que nous avions découvert dans la même fondation en 2009 avec My Winnipeg propose ici un ensemble mêlant les diverses périodes et manières de sa peinture, ses nombreuses collections et un rappel des expositions présentées à Sète. Pour nous orienter sur la situation des arts modestes plusieurs géographies inspirées des Cartes du Tendre mettent en perspective ce courant avec l’art brut, les pratiques alternatives en relation à l’art contemporain international.

Dans cette esthétique qui se veut ouverte au plus grand nombre les réalisations ne sont pas toujours individuellement réussies mais la scénographie du lieu sauve encore une fois l’ensemble. Ainsi la salle des Véhicules est moins convaincante par les sculptures que par la collection de voitures et modèles réduits et de bandes dessinées qui les les mettent en perspective dans le XXe siècle et ses engins de tous ordres.

Tout aussi drôles mais beaucoup plus réussies plastiquement les patchworks de feuilles de métal riveté et laques des années 1990 montrent le constant esprit d’invention qui permet à l’artiste de se renouveler. Les différentes séries de peintures réalisées Autour du Monde sont produites avec une réelle économie de moyens , qui rapproche le peintre des plus grands de la figuration contemporaine. Que ce soit en Israël ou en Californie, ses toiles retrouvent une simplicité quasi universelle.

Il affirme effectivement sa capacité de réponse à l’environnement quand il déclare que ses voyages lui permettent « une prise en compte du monde , avec une forte teneur poétique ».

Elle se manifeste dans une autre partie de sa collection d’objets manufacturés de taille moyenne qui trouve sa forme parfaite d’exposition dans un cabinet de curiosité situé au palier entre les deux niveaux. De petites sculptures réalisées par l’artiste y côtoient d’autres pièces de croyances populaires, vierges et superhéros à touche touche avec des œuvres d’art brut comme un fusil d’André Robillard.

Tout ce bric à brac porte à sourire et je n’ai jamais observé dans une exposition d’arts plastiques tant de mines réjouies, tant de figues joviales sur des visages de tous âges. C’est que pour Di Rosa l’esprit de création nous renvoie constamment à un esprit d’enfance d’une authenticité loin de l’idéologie publicitaire.

Les personnages les plus célèbres de sa série Classic alternent avec d’immenses silhouettes de robots composées d’un grand nombre de figurines encore sous blister. Au sous-sol un autre dialogue s’engage entre les créatures sous-marines et les poissons multicolores d’un grand aquarium. Cette démarche de toute une vie voit notre visite se conclure sur une immense bibliothèque elle aussi pléthorique, où bd, catalogues et publications de l’artiste montrent les fondements culturels de cette démarche qui pourrait sembler simpliste mais demeure bien que populaire très référencée.