Les avatars plastiques du son

Alexandre Castant né en 1965 à Montpellier, est essayiste, critique d’art, professeur des en école d’art. Diplômé en esthétique et littérature générale et comparée, depuis 2005 il dirige à l’École nationale supérieure d’art de Bourges son séminaire L’Atelier sonore d’esthétique. Après plusieurs ouvrages sur la photographie il a publié en 2007 « Planètes sonores », son « Journal Audiobiographique » paru aux Nouvelles Editions Scala lui fait suite et annonce pour l’automne une nouvelle édition « Les arts sonores ».

Cet ouvrage est constitué de la compilation d’une vingtaine d’articles et entretiens déjà publiés en revue ou catalogue et qui ont été retravaillés et organisés selon les trois grands moments évoqués par le sous-titre Radiophonie – Arts –Cinéma.

Ce livre trouve son intérêt dans la diversité des artistes et acteurs des créations sonores et plastiques qui y sont convoqués soit par des approches critiques, soit par des entretiens. Parmi les artistes on trouve des créateurs fort connus comme Laurie Andrson ou David Bowie, et Christian Marclay dont les œuvres sont approchées avec sensibilité et subtilité.

La création vidéo y est étudiée chez certains autres plasticiens telle Tania Mouraud ou Douglas Gordon et Philippe Parreno pour leur film sur Zidane présenté en projection et dvd puis en installation multi-écrans au Palais de Tokyo. La canadienne Marie-Jo Lafontaine est présente dans l’étude de a pièce The World Starts Every Minute !

Pour les  » Cinémas  » la question de plasticité du son y est abordée à travers des productions historiques comme celles de Jean Cocteau mais aussi celles plus récentes des films d’Alain Robbe-Grillet, grâce à un entretien avec Michel Fano son ingénieur du son. On peut aussi suivre l’analyse de Basquiat de Julian Schnabel, mais aussi découvrir un réalisateur comme Vincent Dieutre, reconnu pour son Jaurès.

Le livre donne aussi l’occasion d’approcher les œuvres purement sonore de créatrices comme Véronique Aubouy ou Cécile Le Talec dont il est écrit : « c’est d’abord en tant qu’expérimentatrice de l’espace, des volumes, voire du ciel et du cosmos qu’elle fait œuvre. » Cette approche spatiale et sculpturale est complétée par ses liens au monde des oiseaux et à leur langage.

On y retrouve aussi des créateurs du domaine radiophonique, souvent moins connus du grand public mais qui développent une œuvre de très haute exigence comme Kaye Mortley qui a été la compagne du créateur de L’Atelier de Création Radiophonique de France Culture dont nous déplorons la mort en juin dernier. Alexandre Castant poursuit grâce à ces émissions une étude comparative des fonctionnement du sonore et du photographique à travers « l’idée d’instantanéité, de fragment, voire de possible arrêts sur image auxquels invite le son. »

Le chapitre « Elégie » réfléchit sur une esthétique contemporaine de l’invisible et de l’immatériel, c’est l’occasion pour l’auteur de revenir sur l’étonnante Histoire de vent de Joris Ivens et Marceline Loridan. L’ensemble de ce parcours critique autour du sonore, lui rend sa dimension spatiale, l’expérience de l’écoute qu’il suggère nous sensibilise à un monde d’expérimentations d’une réelle puissance imaginaire.