Mirabilia etc etc…est une nouvelle exposition de cette saison au théâtre d’Orléans , dans la galerie du premier étage. A l’initiative de l’association Art Sous X dans un commissariat de Chloé Lapalme elle réunit des artistes actifs au sein du théâtre et des invités plasticiens travaillant dans la région. L’accrochage et la mise en espace très dynamiques proposent une série de cabinets de curiosité actuels.
Christophe Galent a pris son poste à la tête du Théatre d’Orléans et de la Scène nationale à l’automne 2022. Après avoir dirigé les Halles de Schaerbeek, un lieu culturel de de Bruxelles il a été retenu sur son projet « Faire monde » à l’articulation de la culture savante et de la culture populaire. Cette exposition a l’avantage de souder l’équipe où l’on trouve, une apprentie régisseur lumière, Chloé, une scénographe, Delphine Sainte-Marie , des agents d’accueil, Pierre Fournier et Nicolas Besse, une costumière/habilleuse,Andrea Matweber, un machiniste chef-constructeur, Rodolphe Noret, qui assure ici la scénographie. L’invitation faite à des créateurs régionaux ne révèlent pas une différence qualitative. L’unité visuelle de l’ensemble reste forte.
Il n’empêche qu’en tant que critique on a envie de pointer des travaux qui nous attirent avec plus de force. Une installation de Bacchantes miniatures réalisées avec beaucoup d’humour grâce à des capsules de bouteilles de vin en métal de Jean Phillipe Boin semble dialoguer avec des objets customisés façon Carelman comme ces sabres qui se prolongent en cannes blanches que l’auteur légende ironiquement « Violence aveugles ». D’autres oeuvres tout aussi radicales du même artiste, Romain Weintzem, sont montrées en photographie.
D’autres dialogues d’oeuvres confrontent une poupée en tissu d’Andy Kraft avec un photomontage de Jean Philippe Boin qui propose plus loin un triptyque à base de reproductions de cartes postales d’oeuvres classiques, mais aussi des sculptures en carton.
L’exposition multiplie les techniques et les sujets : autoportraits sous forme de dessins, et tableaux de Rodolphe Noret, dessins en noir et blanc et objets absurdes de Pierre Fournier, planches et nuages de visages de Nicolas Besse, sculptures en petit format très colorées de Delphine Sainte-Marie.
Deux artistes ont cependant particulièrement retenu mon attention. Andrea Matweber expérimente une forme d’art textile avec toutes sortes de matériaux. Elle crochette certaines oeuvres en fils, fils électriques, cartons, couverture de survie, bâche… Parmi les plus réussies une imposante sculpture blanche occupe fièrement l’espace de ses dimensions fantômales.
J’ai été très sensible au sombre univers pictural de Guillaume Brabant. On a déjà pu apprécier à plusieurs reprises ses toiles à la galerie orléanaise Le garage dont « Détours de tête » en 2015. Il revendique l’influence des grandes figures du cinéma mais aussi le choc esthétique fondateur d’un Francis Bacon. Cet univers onirique montre la toute puissance de la chair mais aussi sa dissolution dans une riche matière peinte qui la tire vers l’abstraction. A moins qu’une lecture plus positive ne considère au contraire ces tableaux dans leur forme d’apparition où le magma peint laisse advenir une épiphanie du visage, de même les traits d’un pur vêtement trahissent une identité qui mêle masculin et féminin dans une toute puissance du dessin.