Médiapop fait une apparition remarquée dans le monde de l’édition en mai 2011 avec la publication de « Far Out ! », un petit livre parfaitement raccord avec son sujet dans lequel le photographe Bernard Plossu revient sur ses années hippies. Pour l’apprenti éditeur Philippe Schweyer, il s’agit au départ de prolonger les rencontres provoquées grâce au magazine « Novo » en se lançant dans l’édition de petits livres au graphisme soigné qui accordent autant d’importance aux images qu’aux textes. Dans la collection “Sublime”, la musique est très présente (le chanteur Daniel Darc raconté par ceux qui l’ont connu, le récit intime en forme de sampling d’Antoine Couder préfacé par Rodolphe Burger…), ce qui n’empêche pas les escapades cinématographiques (sur les traces de Buffalo Bill avec David Le Breton et Bernard Plossu…) voire littéraires (les livres du très “bukowskien” Yves Tenret). Moins “rock’n’roll”, la collection “Ailleurs” rassemble des ouvrages qui invitent à s’écarter des sentiers battus (Les Îles grecques amoureusement décrites par Philippe Lutz, le témoignage d’un jeune afghan contraint de quitter son pays, les constellations photographiques d’Anne Immelé…). Les éditions Médiapop, qui ne s’interdisent rien, publient également des livres hors collection.
Quelle est votre situation économique actuelle ?
Philippe Schweyer – Pour la première fois depuis que Médiapop existe (2008), j’ai un tout petit peu de trésorerie grâce au virus qui m’a permis d’emprunter de quoi payer mes dettes aux imprimeurs (emprunt garanti par l’Etat).
Quelles précautions avez vous prises pour répondre aux menaces sur le secteur ?
Philippe Schweyer – Aucune précaution particulière. Je me suis contenté de subir la fermeture des librairies et l’arrêt forcé de mon magazine (Novo).
Quelles sont les collections qui marchent le mieux ?
Philippe Schweyer -Aucune idée. Chez Médiapop, il y a deux collections assez proches « Sublime » pour les livres un peu « rock » et Ailleurs pour les livres pas trop « rock » (même format 12×18, même papier…) et des livres hors collection (principalement des livres photo qui nécessitent un format plus grand). A vrai dire, je regrette de n’avoir pas qu’une seule collection…
Quels sont vos livres phares ?
Philippe Schweyer – Il n’y a pas de livres phares. Certains livres marchent mieux que d’autres… J’ai un attachement à « Far Out ! » de Bernard Plossu parce qu’il est réussi et que c’est mon premier vrai livre. Les livres à venir sont forcément les plus excitants… Ce sont eux qui me donnent envie de continuer.
Quels sont vos projets dans les 6 prochains mois ?
Philippe Schweyer – Publier une grosse douzaine de livres et quatre disques vinyle.
Quelles sont vos rapports avec les diffuseurs et distributeurs ?
Philippe Schweyer – Des rapports professionnels satisfaisants, même si un tout petit éditeur est forcément frustré par le manque de visibilité de ses livres en librairie. Quoi qu’il en soit, je ne peux rien sans eux et j’imagine qu’ils ont -un peu- besoin de moi.
Attendez vous une réaction et de l’aide du Ministère de la Culture ?
Philippe Schweyer – Non. J’espère une subvention de la Drac qui me soutient chaque année pour un ou deux projets.
Qu’attendez vous des critiques d’art ?
Philippe Schweyer – Qu’ils m’aident à comprendre l’intérêt de ce que j’édite, qu’ils aident mes auteurs à obtenir un peu de reconnaissance et nous donnent envie de poursuivre.
Comment percevez vous vos lecteurs et leur évolution ?
Philippe Schweyer – Je ne perçois pas d’évolution. Il existe quelques lecteurs qui apprécient les livres que j’édite et c’est déjà pas mal.
Comment vivez vous le rapport aux bibliothèques ?
Philippe Schweyer – J’aime les bibliothèques en tant que public, même si je ne les fréquente plus beaucoup. En tant qu’éditeur, j’imagine qu’il y aurait beaucoup à imaginer et à mettre en oeuvre pour faire connaître Médiapop dans les bibliothèques
Comment envisagez vous le rapport papier / électronique ?
Philippe Schweyer – Je passe beaucoup de temps à m’informer et à m’égarer par voie électronique, mais j’aime le papier plus que tout… Il n’y a définitivement que le papier qui m’intéresse. Je ne songe même pas à m’intéresser au livre électronique… Je suis trop attaché à l’objet livre, aux magazines papier et aux journaux papier pour rêver d’une diffusion numérique dont je me fiche éperdument.