Ayant reçu à Cracovie dans son pays d’origine une formation de sculptrice Krystyna Ziach a développé son œuvre autour des tensions entre la platitude de la photographie et ses possibles devenir 3D. Vivant et travaillant aujourd’hui à Amsterdam l’exposition quasi rétrospective que lui a consacré le musée Beelden aan Zee de La Hague s’accompagne d’un ouvrage de référence Space of imagination , exposition organisée par Hans Rooseboom, conservateur pour la photographie au Rijksmuseum d’Amsterdam.
Ce livre s’ouvre sur diverses œuvres qui nous permettent de revisiter l’histoire de l ’art dans les liens entre corps et sculpture. Ce sont les jeux d’illusion d’espace géométrisé par les nus peints de la série Geomerty de 1985. L’année suivante les mêmes techniques avancent des études toujours en noir et blanc aux systèmes d’encadrements corporels mis en place par Franci Bacon. Le passage à la couleur combine ensuite corps et structures métalliques pour le triptyque The Splendid Decadence of Kabuki et en 1989 un corps pictural poursuit l’illusion spatiale des œuvres mixtes de la série The Black Cross of Malevich. Le musée imaginaire se complète d’un hommage à Dürer qui ouvre sur la Chambre des miroirs et à ses Espaces d’Imagination que l’on a pu admirer au Netherlands Photography Museum en 1994.
La seconde période de la photographie comme sculpture commençant en 1988 et se poursuivant jusqu’à nos jours montre des œuvres mixtes incorporées dans des installations monumentales. On y retrouve des références à d’autres cultures comme dans le triptyque The Anatomy of the Big Buddha, ou des œuvres plus en lien à l’atmosphérique en relation au visage et à la peau telle In the Mirror of Your Eyes (1992) ou Sweat (1995).
La sensualité de telles pièces se manifeste dans une œuvre d’une grande puissance comme The Fountain of Time (2001).
Durant cette même période l’artiste produit des vidéo-sculptures comme Blue Core où est proposé un espace immersif au spectateur. Dans sa relation au Japon elle poursuit ses expérimentations avec des œuvres photographiques plus traditionnellement présentées dans ses Imperial Gardens (2003). Elle produit des ensembles sériels utilisant des bouddhas miniatures manufacturés, des pierres tombales qui lui permettent d’approcher le concept d’Infinity (2003) ou des ballots de papiers avant recyclage qu’elle constitue en Ephemeral Library (2013)
Dans ses rapports à l’histoire de l’art comme à d’autres civilisations notamment orientales Krystyna Ziach développe avec une immense exigence une oeuvre spirituelle d’une grande prégnance plastique.