Les Incandescences photographiques d’Eva David

Alin Avila poursuit ses publications de monographies d’artistes dans un format maniable de 21×15 qui permettent des reproduction pleine page des oeuvres.
Si les tirages n’excèdent pas plusieurs centaines d’exemplaires , il se fait une priorité de les mettre en vente au prix raisonnable de 15 euros. La pratique picturale d’Eva David se double d’une production régulière de photographies
qu’elle aime prendre dans l’atelier ou au plus près de ses oeuvres. Si elle ne leur donne pas la même valeur que ses grandes toiles elles fournissent la matière de
son livre « Incandescences… ».

Eva David est peintre, elle est née en Bulgarie où elle a appris les techniques classiques de la peinture à l’huile. Son père David Peretz (1906-1982) exerçait lui même cet art ainsi que son épouse Isa Peretz-Guerchon . En 1949 , après un séjour en Israël, la famille s’installe à Paris. C’est ainsi qu’Eva suit les cours de l’académie de la Grande Chaumière, puis ceux des Beaux Arts de Paris. Elle reconnait l’influence de Goya et de Velasquez mais se revendique aussi inconditionnelle de l’art africain. Lydia Harambourg écrivait à son sujet en 2016 :
« Être née au royaume de l’icône a préparé Eva David à une relation fusionnelle entre la matière et la spiritualité laissant éclore un art à nul autre pareil, inscrit dans des étapes initiatrices qui lui fait dire « Je vais où c’est inconnu, ou cela me dépasse ».

Eva David pratique aussi l’écriture, elle produit notamment des aphorismes qui dans le livre constituent un riche dialogue avec ses photographies. Cette pratique régulière qu’elle affirme comme conséquence de son intérêt pour le cinéma , art du temps et de l’espace, se limite généralement à la prise de vue, acte de création suffisant qui ne nécessite pas la finalisation de l’image. C’est l’éditeur qui a convaincu l’artiste de l’intérêt de les publier. Le livre en est un support privilégié.

Ses photographies jouent souvent d’une fragmentation de l’espace de l’atelier, avec peu de profondeur de champ et donc des espaces qui subsistent dans le flou ou dans l’ombre. Si certaines « vanités » directes semblent un peu attendues la ré-appropration des toiles apporte un regard à la fois critique et sensible. Partitions et figures peintes se trouve réincarnées par la prise de vue :
« Quand le temps et l’espace
Confondent leurs respirations,
L’oeuvre est achevée. »

Eva David déclarait à Mylène Vignon « L’art est une écriture où beauté, tempo, génie universel se concentrent, comme quand on traverse un rayon de soleil. Le génie est l’étincelle juste de ce qui s’avère grandiose. » Cette traversée expressionniste se fait à la fois dans l’oeuvre peinte et dans sa relecture critique au quotidien de la photographie.