L’une des premières expositions à ouvrir post confinement à Orléans a été celle de Charles Pétillon « Confluences » présentée à la Collégiale Saint Pierre Le Puellier. Elle y est visible jusqu’au 23 août avec le concours de la galerie Danysz présente à Paris, Shanghai et Londres et attachée aux formes artistiques émergentes. Cette collaboration initiée en 2010 avec des street artistes de la manifestation « A ciel ouvert » s’est poursuivie depuis avec Jef Aérosol, Sambre et YZ l’an dernier. La diversité des pratiques exposées cet été nous séduit et nous conduit malgré son aspect ludique à réfléchir sur nos rapports à la nature et à la société.
Dans le centre de la Collégiale une immense ligne de ballons blancs chemine jusqu’u choeur, elle est la reprise d’une intervention in situ réalisée en 2018 sur la colline Ablain Saint Nazaire où plus de 100 000 soldats sont morts pendant la première guerre mondiale. Son travail peut se rapprocher de celui des land artistes, comme l’a prouvé son installation au Covent Garden de Londres, en 2015, composée de plus de 100 000 ballons. Chaque intervention est préparée avec une grande précision, du fait de leur caractère fugitif elles font l’objet d’une prise de vue. Ainsi le diptyque 33 kilomètres matérialise avec des ballons la distance qui sépare les deux rives franco-anglaises que tentent vainement de franchir les migrants.
Beaucoup de ces images voient les ballons envahir des structures urbaines comme des cabines de téléphone, des paniers de basket ou des jeux d’enfants (série Play Stations), une voiture incendiée ou les parties communes des sous sols d’immeubles collectifs. Les rapports humains sont symbolisés aussi bien dans la reprise en ballons de la structure de l’adn (Mutation 2)que dans les multiples Invasions qui envahissent l’espace naturel, cela se manifeste aussi dans la série des Igloos Mobiles. On peut voir ces interactions s’afficher aussi dans des bâtiments envahis de ballons, un blockhaus, une maison bourgeoise ou une boutique désaffectée.
Sur ses intentions globales Charles Pétillon s’exprime ainsi :
« C’est notre regard que j’essaye de rénover, d’aviver, permettant ainsi de passer d’une perception pratique à une expérience esthétique, une émotion visuelle ».
La puissance esthétique de son travail se manifeste de façon plus expressive encore dans une image plus abstraite comme Cloud Computing qui révèle ses qualités techniques au service d’un projet global d’une grande sensibilité.