La photographe bretonne Katell Le Navios manipule le film à développement instantané qu’est le Polaroid actuel pour donner vie à d’étranges fantasmagories corporelles, mêlant matérialité du support et onirisme des thèmes avec une prodigieuse virtuosité poétique.
Ce sont de minuscules images colorées ou en noir et blanc, parfois circulaires (dans la longue tradition du tondo pictural) représentant son entourage familier dans ce qu’il a de plus quotidien : tout naturellement il s’agit d’autoportraits (Katell a posé pendant plusieurs années comme modèle…) et de portraits de ses deux filles, ses modèles favoris. D’objets aussi.
Autodidacte, sa pratique brute trahit toutefois visiblement de nombreuses influences picturales, si inconscientes soient-elles !… A ce sujet et au sujet des nombreuses artistes questions que je voulais lui poser, l’artiste qui vit à Quimperlé n’a pas souhaitait me répondre. Et cet article devait a priori être un entretien, hélas j’y ai renoncé : mais qu’importe, il m’a rarement été donné de rencontrer une oeuvre recourant au Polaroid nouvelle génération possédant une telle forme plastique, répondant à l’évidence à une impérieuse nécessité créative, pour ne pas brièvement l’évoquer…
Surimpressions, décollements de gélatine sont pratiques courantes chez l’artiste et confèrent une dimension fortement organique à ses images miniatures parfois orientalisantes, ses mises en scène délicatement intemporelles où se déploient de subtiles jeux d’ombre et de lumière, des masques improvisés. Un travail sensible à découvrir absolument donc, sur « Les polakas » !