Les objets célestes de Pavel Cazenove

Les sphères aux reflets changeants et délicats des « objets célestes » de Pavel Cazenove évoquent bien sûr des astres, comme l’indique le titre de la série, mais peuvent évoquer aussi des boules de billard (ce travail possède, comme les autres séries de l’artiste, une forte dimension ludique).

Dans un esprit de collection et dans la confusion revendiquée du référent, l’artiste multiple les fragments de peau qu’il associe, dans chaque carte digigraphique, à un prénom féminin.

Le mode opératoire est le suivant : comme s’il utilisait une lunette astronomique, Cazenove sélectionne des fragments de fesses d’actrices de films érotiques ou pornographiques dans des blogs, qu’il recadre et agrandit ensuite à l’aide d’un cache sur Photoshop.

Chaque prénom correspond à celui d’une actrice, et l’on peut découvrir dans les cartes alignées symétriquement sur le mur un éventail infini de peaux, allant des plus claires aux plus sombres, parfois tavelées ou dépigmentés, zébrées de traces rouges ou d’hématomes dus au fouettage dans les pratiques BDSM, couvertes de faux sperme, de dégoulinures de ketchup, portant aussi parfois des messages érotiques laconiques tels des tatouages éphémères…

C’est le paradoxe fructueux de ce travail que donner à voir des constellations d’ « astres » doucement et sensuellement incarnés à l’aspect si lisse et parfait, alors qu’en réalité, au départ, son matériau pornographique est obscène.

L’autre paradoxe audacieux et malicieusement ironique réside dans le parti pris d’exposer des œuvres aussi charnelles dans le contexte d’un salon tel que « Réalités nouvelles », dédié à l’art abstrait.