Les portraits en bas relief lego de Paulina Aubey

Paulina Aubey est une artiste orléanaise qui a longtemps exploré les ressources du pastel avant de se consacrer il y a six ans à la technique du portrait créé en lego. Elle a trouvé ainsi son quart d’heure médiatique en étant invitée comme jury à l’émission Lego Masters version française d’un succès américain. Le centre Charles Péguy de sa ville l’invite cet été à exposer ses « VISION(s) ». Si ce titre apparait trop général l’esprit de cet accrochage est plus clairement indiqué dans le sous-titre « ICÔNES LEGO POP ».

Ce jeu d’origine danoise si populaire auprès des enfants du monde entier ne pouvait qu’attirer des artistes. Paulina Aubey a un célèbre prédécesseur aux USA Nathan Sawaya, ancien avocat, devenu célèbre grâce à ses sculptures de grande dimension réalisé avec son Art of the Brick ( l’Art de la brique). Ses sujets en lego sont très représentatifs de la société américaine avec par exemple la reproduction des figures du Mont Rushmore ou la Statue de la Liberté. La firme elle même s’intéresse à ce rapport à l’art, à la troisième dimension en lien à la culture populaire . Pendant tout l’été une exposition Lego est ouverte à la Halle des saveurs de L’Haÿ-les-Roses, avec notamment des œuvres inspirées de l’univers Star Wars, personnages et vaisseaux spatiaux. Cette pratique est même plus démocratisée encore : après Londres, Berlin ou New York, depuis 2019 à Paris s’est ouvert un Mosaic Maker dans le LEGO Store des Halles , sous la forme d’une cabine photo transformant en deux heures votre portrait en une boîte de lego à monter vous même.

Si on pense aussi à une pratique post-warholienne ce e qui fait la différence des oeuvres produites par Paulina, c’est un work in progress , son attachement à une couleur moins fluide mais autrement matérialisée : « Je ne souhaitais plus travailler le trait mais la tache de couleur, point par point » déclara-t-elle. On peut penser au remplacement du sel d’argent par le pixel en photographie. L’artiste avec cette pratique garde le jeu en deux dimensions augmentées du relief de la brique, une sorte de très bas relief, accentué par la boîte américaine qui encadre ses portraits de petites dimensions.

L’exposition montre aussi le making of de son travail avec sous vitrine les clichés préparatoires qu’elle revendique comme cartographie. Le passage d’un support numérique à une réalisation plus artisanale est le plus passionnant dans ce protocole. Consciente des limites esthétiques de sa production qu’elle sait « comme quelque chose à la lisère de l’oeuvre d’art et de l’objet de décoration », en s’attachant à des figures pop hyper connues du grand public telles Maryline ou Warhol elle joue sur le velours de la citation ou de la ré-incarnation graphique.