Les professionnels de l’art contemporain contestent l’interdiction de l’exposition Larry Clark aux moins de 18 ans. A la veille de son inauguration au musée d’art moderne de la ville de Paris, nous sommes étonnés de constater que Bertrand Delanoë, maire de Paris, puisse maintenir la décision d’interdire aux moins de 18 ans l’accès à la rétrospective des photographies de Larry Clark. Cette mesure est, à notre connaissance, sans précédent dans un musée. Elle frappe aujourd’hui un artiste reconnu pour une oeuvre qui toute entière traite des réalités des jeunes, et à travers lui, elle atteint les premiers concernés par ses images : les grands adolescents.
Elle nous parait d’autant plus absurde qu’une exposition des œuvres de Larry Clark a été organisée sans être frappée d’interdiction, et sans provoquer de scandale, à Paris même, il y a trois ans. Nous n’oublions pas non plus que ses films, dont deux seulement sont interdits aux moins de 18 ans, circulent librement, comme ses photos dans le monde de l’art, bien sûr, mais aussi sur le Web.
Nous ne pouvons que relever l’hypocrisie de cette décision prise dans une société qui donne libre cours à toute forme d’exhibition de la nudité et de la sexualité. Nous sommes inquiets du climat d’autocensure qui touche désormais les institutions culturelles de tous bords. Sous prétexte de vouloir éviter un « risque pénal incontesté », le maire de Paris, son adjoint pour la culture, ainsi que le directeur du musée d’art moderne de la ville, prétendent interdire l’exposition à une partie de son public naturel pour permettre que l’œuvre de Larry Clark soit vue malgré tout. Nous pourrions nous amuser du paradoxe si force n’était pas de constater qu’en allant au-devant de possibles plaintes, ils ne font qu’abonder dans le sens de tous ceux qui veulent empêcher le débat ouvert, supprimer l’expression libre, étouffer toute diversité d’opinions.
Nous nous opposons décidément à cette mesure qui diffame un artiste et son exposition, avant même son ouverture au public. Nous rappelons au maire de Paris que cette décision est non seulement inadaptée quand à la nature des œuvres d’art, mais qu’elle fait aussi peu de cas du rôle spécifique et unique du musée qui, au travers de l’exposition et de son accompagnement, permet à ceux qui le souhaitent d’approcher la création contemporaine et de juger par eux-mêmes des dangers réels ou irréels de l’art d’aujourd’hui.
Lire aussi le communiqué de L’observatoire de la liberté de création,
http://www.ldh-france.org/