Les silences couleurs des icônes de Pascal Kern

Pascal Kern a incarné depuis près de trente ans le questionnement en œuvres le plus pointu des liens aussi intriqués qu’intrinsèques entre photographie et sculpture. Le quasi silence médiatique qui a entouré son suicide récent ne doit pas nous faire oublier sa baroque installation « L’usine à bastos » brûlée dans l’incendie immobilier de son atelier du quai de Seine, ni ses autres œuvres majeures, réinventant le rapport entre tirage et cadre et recréant ainsi des icônes contemporaines dans le lien fondateur entre l’objet manufacturé et sa matrice usinière.

Pascal Kern a incarné depuis près de trente ans le questionnement en œuvres le plus pointu des liens aussi intriqués qu’intrinsèques entre photographie et sculpture. Le quasi silence médiatique qui a entouré son suicide récent ne doit pas nous faire oublier sa baroque installation « L’usine à bastos » brûlée dans l’incendie immobilier de son atelier du quai de Seine, ni ses autres œuvres majeures, réinventant le rapport entre tirage et cadre et recréant ainsi des icônes contemporaines dans le lien fondateur entre l’objet manufacturé et sa matrice usinière.

Dans une société française où l’image mercantile domine idéologiquement les fabricants d’icônes n’ont pas vraiment leur place, les deux galeristes qui défendent son oeuvre sont luxembourgeois et anglais(1). Pascal Kern menait un projet de sculpteur avec une exigence de lenteur de production qui l’a conduit hors-genres . Comme le rappelle Paul di Felice sur www.lacritique.org dans « des icônes entre Fait et Fiction »

« L’œuvre photographique renvoie à la matérialité sculpturale, à la picturalité et à l’empreinte. Ce triple jeu par lequel il fait fonctionner ses « fictions » pour reprendre un titre d’une de ses séries, est autant une manière de nous dire que nous ne sommes ni devant une sculpture, ni devant une peinture, ni même devant une photographie. »

Au moment où tant d’images y compris celles qui ratissent le champs artistique sont totalement ouvertes sur la béance obscène du monde revendiquer depuis tant d’années à travers diptyques et triptyques une forme potentiellement repliable sur son propre silence constitue une forme d’ascèse. C’est avec une réelle modestie et un grand talent de coloriste la leçon de Pascal Kern.