Les sublimes tautologies picturales de Julien des Monstiers

Peintre français, Julien des Monstiers est né en 1983 à Limoges. Il vit et travaille entre Faye-la-Vineuse (Inde et Loire) son atelier installé dans une ancienne ferronnerie et Paris. Il est diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (atelier de Jean-Michel Alberola). Représenté depuis 2016 par la Galerie Christophe Gaillard (Paris, Bruxelles, Le Tremblay), il a pu y accrocher six expositions personnelles depuis. Cette année, deux institutions majeures lui consacrent une exposition monographique, le Château de Chambord et le Suquet des Artistes à Cannes. À cette occasion, un nouvel ouvrage parait aux éditions Martin de Halleux.

Pour montrer la cohérence de se pratique, les deux titres sont complémentaires, Dehors/Dedans en centre Val de Loire et Dessus/Dessous dans les Alpes Maritimes. Toutes ces indications spatiales renvoient à cette définition selon lui « La peinture n’est qu’une surface qui s’échappe du châssis et déborde dans la vie ».

Il revisite les grands sujets historiques de la peinture composant des scènes de chasse, des décors floraux, des tapisseries avec une certaine attirance pour les scènes animalières. Tous les sujets sont des prétextes pour le peintre à expérimenter les limites du médium. Il établit des liens intrinsèques entre passé et présent de l’histoire de l’art. Parallèlement il radicalise sa pratique en décalant les frontières entre arts plastiques et arts appliqués. Toujours en recherche, il s’initie à des savoir-faire artistiques oubliés, tel l’art de la rocaille pour une création in-situ au Château du Rivau.

Deux créations réalisées lors de sa résidence à Chambord témoignent de son approche virtuose et novatrice de la peinture à l’huile. Pour Immersion il a déroulé tout autour des murs d’une des salles un tapis l’occupant à 360°, il y peint un paysage rural à expérimenter corporellement en l’arpentant. Pour compléter cet hommage au lieu royal il recouvre une multitude de dalles de linoléum de transferts de la peinture à l’huile sur chaque carreau. La trame dans des tons de bleu et orange ainsi formée rappelle la structure des plafonds à caissons sculptés. 

De même Decorum réalisé sur place est une installation de 4 panneaux en peuplier qui dans chaque angle opposent des motifs géométriques reprenant les architectures sculptées des plafonds et de plus petites toiles au format paysage fonctionnant comme des fenêtres. 

Avec une grande précision gestuelle, il maitrise ses couleurs, ses textures, les supports et les outils, tout en recherchant la profondeur, les surfaces, les les plis et fractures. Qu’elles soient figuratives ou abstraites, les œuvres présentées ont vocation à prouver que le sujet n’est pas dans l’image la peinture elle-même, en tant que matière pure, étant l’obsession de sa pratique.mais dans la façon de la produire.

Sa démarche s’applique aujourd’hui à un travail tautologique autour de la peinture en adoptant des formes institutionnalisées et des gestes empruntés à l’histoire de cet art, sans aucune hiérarchie apparente, aux grands récits du médium, telle l’Arche de Noé mais aussi à l’histoire de ses motifs, de la figuration à l’abstraction. Mais quand il peint une licorne, les craquelures bleues de la surface et le titre Le réel nous rappellent qu’il ne s’agit que de représentation.

Dehors/Dedans présentée au château de Chambord jusqu’au 3 novembre 2024. 
Toutes les informations sur le site du château de Chambord
Dessus/Dessous jusqu’au 22 septembre 2024 , au Suquet des Artistes, à Cannes