Pour leur 13e édition les Promenades Photographiques de Vendôme posent une question très ouverte (trop ?) « Qui est photographe ? ». Ils investissent cette année plus de lieux et se répandent aussi sur l’espace public. Beaucoup de réponses semblent attendues mais plusieurs propositions plus singulières valent le déplacement.
Le photographe est un artiste qui doute de son identité et comme Laurent Gilson cherche dans l’autoportrait aussi sombre soit il une approche de son être intime. Il peut être un portraitiste qui cherche comme Benoît Fournier les supports les plus étranges pour y inscrire la face de ses contemporains. Je ne compterai pas, comme certaine de mes amies l’aurait fait, le défaut de parité dans cette programmation, je me réjouis simplement d’y trouver le travail sensible d’une femme, Ingrid Milhaud, qui développe les liens familiaux de La trace dans ses retours sur Albums débordant de Fantotypes. Le photographe est un aventurier documentariste comme Ulrich Lebeuf de l’agence Myop. Ses tirages subtiles nous emmènent dans Dakar de nuit, dans un univers très présent dont l’installation ici renforce l’effet. Un livre d’artiste publié chez Charlotte sometimes complète le voyage. Ulrich est aussi le responsable du festival MAP à Toulouse, qui pour la 3e année défend une création française exigeante.
Le photographe peut se faire documentaliste comme Thomas Sauvin qui reproduit ces portraits chinois en pieds produits entre les années 1930 et les années 80 , les Quanshens, ils témoignent d’une société où l’individu n’a qu’une place restreinte à laquelle il doit se conforter. Le philosophe peut être un photographe comme l’a prouvé Jean Baudrillard ici exposé au musée de la ville.
Le photographe peut être un artiste complet qui développe à partir de son vécu un univers singulier, la révélation de ce festival le texan Peter Brown Leighton né en 1941 nous le rappelle avec sa série noir et blanc Plutonium Blast. Il se situe clairement dans une tradition américaine à la Robert Frank, des éléments hétérogènes amènent des effets surréalistes, son travail de légendage apporte une dimension ironique d’une grande force. Conscient de la puissance de son univers mental il définit ses images comme « des cartes mentales rendues aux points d’origine par la sensibilité et les expériences du photographe »