Poursuivant le travail initié dans son premier livre, « Je n’écris plus pour moi seule », Lise Dua poursuit son interrogation sur la portée, la valeur de la photographie familiale avec son nouvel ouvrage « Les loyautés ».
Les loyautés est un livre de petit format, à la délicate couverture rouge et or. A son ouverture, le lecteur découvre un cahier à spirale semblable à certains des albums photos que nous avons tous sinon possédé, au moins vu.
Puis, des photographies que Lise Dua a collectées auprès de proches, de sa famille, parmi ses propres productions. Cependant, elle n’a pas pris de nouvelles images pour ce travail, car son propos se construit sur l’idée de fouiller parmi les images existantes, de les retravailler, les faire devenir autre.
Nous découvrons alors ces images que nous avons vu cent fois :
Un enfant croquant un fruit, une main qui en tient une autre, un sourire figé, des repas entre proches.
Toutes ces évidences de la photographie de famille qu’elle soit couleur ou noir et blanc. Lise Dua mêle dyptique, photo seule. Et une impression de déjà-vu nous saisit puisque ces instants, ces moments nous les avons tous vécu. C’est ce que la photographe va nommer « le corps familial », une sorte d’histoire commune, plus globale, qui s’inscrit dans un processus vaste et général, formant un tronc commun que chacun peut recréer à l’infini.
La photographie devient par conséquent de manière très habile cette capacité à figer un instant telle que chacun l’imagine, mais de surcroît une possibilité d’interroger les liens, les postures, les passages obligés de l’exercice. Car du sourire un peu figé, aux bras enlacés, Lise fouille chacune des photographies pour en dévoiler une autre strate.
Les loyautés est un livre particulièrement intéressant si l’on se pose des questions sur le statut de la photographie. Et quel photographe ne s’en pose pas à ce sujet ? Il convient donc de la faire sien, de suivre les pas de la photographe pour peut-être réinterroger nos travaux photos et replonger dans nos vieux albums familiaux.