Margot Quan Knight est née en 1977 à Seattle, où elle vit et travaille. Elle se sert avec un indéniable esprit surréaliste dans le répertoire de la peinture classique aussi bien que dans l’univers quotidien.
Dès les premières séries de photographies, réalisées pendant ses études et un séjour à Turin en Italie, où elle poursuivait ses recherches picturales pendant deux ans à la Fabrica, elle nous emmène dans un univers de rêve qui tourne au cauchemar. Knight crée des images digitales qui ne cessent d’évoquer la rencontre fortuite sur une table de session d’une machine à coudre avec un parapluie. Elle dévoile délibérément ses références. Mais elle ne se sert pas purement et simplement de modèles historiques, au contraire, elle les met à l’épreuve. Elle décortique les images et en démontre les mécanismes picturaux de manière à la fois comique et cruelle.
Pour la série « Taking care » (2003) elle s’est laissé inspirer par les corps démembrés dans la peinture de Fernand Léger qu’elle introduit ensuite dans une photographie de nus insolite. Pour « Procreation » (2005) elle utilise la forme picturale hautement symbolique du triptyque en faisant appel à la peinture religieuse du Moyen Âge et de la Renaissance italienne. De son point de vue contemporain, elle remplit pleinement les clichés des modèles choisis et elle transpose leurs codes métaphysiques ou religieux de l’histoire de la peinture dans le contexte de sa vie quotidienne. Elle arrive à les traduire en photographies par les moyens de la mise en scène et le traitement digitale.
Le résultat de cette rencontre fortuite dans un bloc opératoire de Fra Angelico et d’un embryon est parfois déroutant et peut frôler le kitch. Avec la cruauté salvatrice du dénouement d’un conte de fées, Knight représente le monde dans une forme imagée et parabolique. Elle conte la solitude, l’exubérance et les miracles de la vie en images qui sont aussi fantastiques que douloureuses.