Marseille Cabanon, quelques photographies en mémoire

Yannick Vigouroux fait partie de cette génération d’artistes alliant production iconique et engagement théorique au service d’une vision subjective. Défenseur, en œuvres, en écrits et en expositions des pratiques dites archaïsantes il utilise toutes sortes de machines à faire images. Une exposition et un livre témoignent de l’intérêt de cet engagement très contemporain.

Le laboratoire Rétine argentique offre à Marseille un lieu qui ne se contente pas de son professionnalisme en ce domaine. Il accueille sur ses murs une exposition mensuelle et il vient de compléter son action par un espace librairie spécialisée d’une extrême exigence quant aux ouvrages photographiques mis à disposition ( l’anti FNAC !). Pour la sortie du livre Marseille Cabanon qui fait suite à la résidence organisée par l’association la Chambre Claire Yannick Vigouroux y présente ses Fuji instantanés de petite taille et ses sténopés numériques de moyen format qui complètent les prises réalisées au téléphone portable illustrant ce petit ouvrage produit avec un grand soin par les éditions de Juillet dans leur collection Villes Mobiles.

Fidèle à ses origines normandes le photographe poursuit sa quête d’autres approches des Littoralités. A près avoir défendu pendant sept ans les tenants de la photo povera il accompagne ses créations de celles de jeunes auteures de vrai talent comme Valérie Horwitz, Clara Chichin ou Luliette Agnel. Son blog Why Not (art brut photographique) en assure la diffusion.`

Aujourd’hui ses images aux couleurs saturées et aux cadrages rigoureux prouvent que les outils de l’amateur doté d’un seul smartphone donnent lieu avec un vrai projet structuré à une vision d’une grande richesse. Les éditeurs complètent en ces pages d’un petit format carré les reproduction en grand respect des originaux d’un texte fictionnel de Jean Marie Baldner , déjà co-auteur avec Yannick de l’essai sur Les pratiques pauvres en photographie.

Le critique et théoricien se fait ici écrivain pour nous conduire à travers es plages et calanques phocéennes dans une quête mémorielle faite de peu de mots et de beaucoup d’indices. Ceux-ci traquent des histoires de mixité dans une civilisation partagée de part et d’autre de la Méditerranée, que certain(e)s menacent avec leur idéologie f-haineuse.

Ce voyage d’une haute sensibilité qui réconcilie pratiques archaïsantes et technologies plus pointues nous rappelle que la création peut aussi être une arme dans une forme d’engagement poétique.