En choisissant le titre « Construire des mondes » Daniel Birnbaum, directeur artistique de la biennale, a voulu relever la dimension visionnaire de l’artiste à travers des œuvres historiques et actuelles aux expressions très variées.
Le choix d’artistes et d’œuvres pour le nouveau pavillon italien, installé au prolongement de l’Arsenale, reflète malheureusement la médiocrité de la politique culturelle berlusconienne. L’exposition Collaudi, sous le commissariat de Luca Beatrice et Beatrice Buscaroli, regroupe vingt artistes en hommage aux futuristes italiens dont le manifeste fête son 100ième anniversaire.
Doublé en surface par rapport à 2007, le pavillon « Italia » ne parvient aucunement à capter le spectateur afin de pouvoir lire les différentes œuvres hétéroclites comme éléments cohérents et complémentaires d’une exposition collective.
On ne comprend pas comment un Sandro Chia, un Giacomo Costa et un Silvio Wolf, pour ne nommer que quelques-uns, peuvent cohabiter ?
A l’opposé de ce provincialisme à l’italienne, les pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège, Suède), à travers leurs commissaires artistes Elmgreen&Dragset, explorent intelligemment le thème de la collection et ses dérivés : la passion, le désir, la propriété ou l’ambition.
Dans le registre de la « collection » au sens de travail typologique, Jeff Geys présente au pavillon belge des photographies et cartographies sur les plantes des villes de New York, Villeurbanne, Moscou et Bruxelles intitulés « Quadra Medicinale ».
Avec « Disorient », le pavillon néerlandais, situé juste à côté, se distingue par un travail plus autobiographique sur la temporalité de l’image et son pouvoir de médiation entre le passé et le présent. Fiona Tan réussit, à travers ses installations vidéo, à nous emporter dans son monde où les passages entre la mémoire et le vécue quotidien semblent gommés.
En se référant à la technique de la projection arrière, le Canadien Mark Lewis joue aussi sur les différents niveaux de l’image cinématographique. A travers son installation Cold Morning, titre d’un des quatre films, il analyse avec pertinence et talent les oscillations entre avant-plan et arrière-plan, entre action et fiction. Dans ce petit pavillon canadien son dispositif fonctionne à merveille.
En dehors des Giardini, près du Palazzo Grassi le pavillon luxembourgeois à la Ca del Duca présente cette année sous le titre Collisio zone une installation vidéo de Nadine Hilbert et Gast Bouschet.
Le nom emprunté à la géologie fait référence à la notion d’entrechoc au niveau culturel, sociologique et géopolitique. Tournés près de Gibraltar et en Sicile les vidéos parlent des limites et des frontières qu’affrontent les mutations et les migrations qui émergent des tensions et des forces entre le continent africain et européen. Les projections bleutées, orchestrées par les artistes de sorte à provoquer des moments éruptifs qui suivent des passages de profonde méditation, reprennent en partie l’esthétique des correspondances visuelles développée dans leurs vidéos précédentes. Ici la scénographie des images vidéographiques est magnifiquement adaptée à l’espace d’exposition créant une narration cyclique qui nous plonge dans une espèce de ténèbres de notre propre existence.
Parmi les pavillons réussis, il faut citer le pavillon polonais pour sa dimension poétique, l’australien pour son côté rocker, le suisse pour la beauté introvertie des dessins de Bächli et le français pour la force anarchique de Lévêque.
Comme dans le passé, les réactions des spectateurs face à l’édition 2009 de la Biennale de Venise sont très diversifiées. Pourtant, plus que jamais il n’y a pas de demi-mesure. On aime ou on déteste !