L’univers de Myriam Bat-Yosef met en scène l’équilibre/déséquilibre entre ordre et chaos, entre yin et yang, entre la chair, le liquide, le ligneux et le minéral, entre les sexes tendus vers leur conjonction toujours à venir et à recommencer pour une gestation comme résolution des contraires : La métaphore organique pour enseignement initiatique, le triangle divin, la flèche phallique, la mandorle de la vulve.
L’artiste doit « d’abord effacer, nettoyer, laminer, même déchiqueter pour faire passer un courant d’air issu du chaos qui nous apporte la vision » écrit Gilles Deleuze.
Mais il y a plus : l’organique se mélange à la matière, Myriam qui fut précurseure des performances, inclut de façon récurrente son corps peint dans une tour peinte semblable : indistinction. La chair s’emboîte et s’extrait dans le même temps de ce qui semblait l’enserrer, contenu et contenant ne s’éliminent pas mais sont à jamais liés de façon consubstantielle.
« La couleur, elle n’est pas sur les feuilles, mais dans les espaces vides » , dit Auguste Renoir. Les toiles, les performances de Myriam Bat-Yosef sont des éclatements contrôlés de couleurs vives souvent centrées par du blanc, vide comme ouverture active, qui nous apprend que l’infini ne nous est pas lointain mais qu’il est au fond de nous, vivant vibrant.
La Femme selon Myriam est un ange non pas asexué mais un avatar nouveau de Lilith, bien en courbes et rondeurs, chtonienne mais aussi porteuse de l’étincelle divine. Féconde, matriarcale primitive, première créature, née en même temps qu’Adam, qui refuse de se soumettre à lui dans l’acte d’amour en position de missionnaire, rebelle, le quittant pour devenir ange avec de grandes ailes, tentatrice et fatale, humaine et animale, homme et femme à la fois, non pas Mère obscure comme les petits hommes l’ont prétendu, mais Mére éclatante d’une féminité androgyne enfin triomphante des oppositions belliqueuses des sexes.