Ne rendons pas à Cesare

Avant de lire cette note critique, regardez bien ci-joint ces œuvres…
Elles nous frappent par leur agencement savant, leur foisonnement inventif, l’inquiétante étrangeté qui s’en dégage et aussi par leur esthétique novatrice. Elles sont de Francesco Toris, interné à l’ HP de Collegno près de Turin et provient d’os qu’il récoltait dans les ordures des cantines.

« Le Nouveau Monde » est un assemblage monté sur trois roues sans colle ni clou où sont figurés des visages, des animaux fantastiques, des espèces d’idoles. Selon l’auteur, ce monde devrait se substituer à notre monde corrompu (à moins qu’il ne le figure ?). Retour au paganisme qui ne nous a jamais complètement quittés, transmutation de restes animaux (et humains ?), rituel purificateur, poème originaire.

C’est une des œuvres phares de l’exposition Banditi del arte, consacrée à la création hors-norme italienne au Musée de la Halle St Pierre, du 23 mars 2012 au 6 janvier 2013, 2 rue Ronsard, 75018 Paris (Commissaires Gustavo Giacosa, Martine Lusardy).

Nombre de ces œuvres proviennent du Musée d’anthropologie criminelle de Cesare Lombroso (1835-1909) dont il faut rappeler le rapport à la folie et aux œuvres des fous. Pour lui, le génie est une psychose dégénérative de la famille des épilepsies. La prédilection exagérée des symboles et des détails, tout excès, toute proportion « fautive », toute création « fantaisiste » signent la folie ou l’idiotie assimilable à l’art des sauvages et des primitifs (il cite parmi eux les anciens Chinois et les anciens Egyptiens, les Indiens des Indes, …).

Remercions-le, paradoxalement de nous permettre de découvrir a contrario le génie de ceux qu’il a stigmatisés