NOUVELLE GALERIE D’ART ASIATIQUE A PARIS.

En ces temps de crise, le pari est courageux : une nouvelle galerie d’art asiatique ouvre au cœur de Paris. Serge Lipao-Huang en est le Directeur. Un choix intelligent d’œuvres réunies autour d’une première thématique : l’art contemporain du Sichuan.

Pétri d’une double culture franco-chinoise, Serge Lipao-Huang vient d’inaugurer la Galerie Lipao-Huang au 16, rue Dauphine, dans le sixième arrondissement. A l’occasion de la FIAC, la galerie organisera les 23, 24 et 25 octobre, à partir de 20 heures, trois soirées exceptionnelles où les meilleurs spécialistes de l’art contemporain chinois viendront commenter neuf artistes d’exception issus de la province méridionale du Sichuan, tous réunis dans le cadre de cette première exposition appelée Origine. Comme l’écrit le critique d’art Duan Lian dans la préface du catalogue qui accompagne cet événement, « la portée de la valeur de cette exposition (est) exceptionnelle, par son sens profond dans (une) perspective historique ». Pour illustrer ce propos, le Maître He Duoling a été choisi comme le peintre fédérateur parrainant l’ensemble de ces artistes. Qui sont ils ? Yang Qian, Zhao Neng Zhi, Guo Yan, Lan Yi, Ling Tian Lu, Qiu Guang Ping, Xiong Wen Yun et Xiao Ke Gang. Certains restent méconnus du public occidental. D’autres, tels que Zhao Neng Zhi et Ling Tian Lu ont respectivement exposé à Art Basel et Art Köln. L’intérêt majeur de cette exposition réside dans le fait que Serge Lipao-Huang a rencontré personnellement ces artistes. Ils ont étudié, pour la majorité d’entre eux, à l’Ecole de l’Institut des Beaux-Arts du Sichuan.

La démarche ne va pas de soi. Aujourd’hui, nombre de galeristes opèrent par le biais d’intermédiaires en Chine. Cette initiative nous paraît d’autant plus méritoire qu’elle repose sur une observation compréhensive de la scène artistique chinoise : chaque artiste s’inscrit dans la filiation d’un Maître réel ou mythique. Cette observation vaut pour chaque génération. Le choix de Serge Lipao-Huang privilégie enfin la province du Sichuan. Trop souvent, l’horizon des marchands d’art se limite à la seule capitale, Pékin. Or, le Sichuan a été avec le Hubei voisin à l’origine d’une Renaissance artistique coïncidant, au début des années quatre vingt, avec les premières réformes. Zhang Xiao Gang – dont l’œuvre est exposée à présent dans les plus grands musées internationaux – est l’un des artistes les plus célèbres de ce renouveau. Il est aussi protéiforme qu’immense dans sa visée puisqu’il adhère dans un gigantesque brassage à des courants issus à la fois de l’Occident ou d’une tradition chinoise parfois réinventée. On admirera particulièrement, dans le cadre de cette exposition, l’œuvre de Qiu Guangping pour ses chevaux au regard fou mais aussi celle de Yang Qian peignant des actrices nimbées d’un sfumato de pluie ainsi que les saisissantes nature mortes de Xiao Ke Gang. La motivation profonde de Serge Lipao-Huang est de montrer qu’un autre chemin de l’art contemporain chinois, étranger à la seule spéculation, est encore possible. Elle repose fondamentalement sur une communauté de goût, d’intelligence et de partage. A découvrir donc.