Offprint c’est toujours un plaisir !

Le charme du toit vitré des beaux-arts de Paris nous accueille pour la 9ème édition de Offprint Paris. C’est toujours un plaisir de flâner à la découverte du livre photographique. Cette année Offprint a accueilli 170 éditeurs internationaux issus de l’art contemporain, de la photographie et de l’illustration.

Nous avons surtout été intéressés par la sélection de livres photographiques proposée par Here Press, maison d’édition indépendante basée à Londres, dédiée à la photographie documentaire. Très beau le travail My Shadow’s Reflection réalisé par Edmund Clark dans le centre de détention psychiatrique de Grendon, en Angleterre. La spécificité de cette prison est sensibiliser les détenus à l’intégration d’une communauté thérapeutique qui fonctionne de manière autonome et démocratique. Le livre s’ouvre par un feuilletage rythmé : l’architecture de la prison en noir et blanc, s’alterne à des fleurs numérisées des couleurs saturées. Cette alternance nous accompagne jusqu’à la fin du livre. Soudain, suivi par des extraits de témoignages, on retrouve les portraits des détenus réalisés au sténopé, lors des entretiens de groupe. La prise de vue de 6 minutes fait que les corps sont flous, bougés, spectrals, dédoublés : Clark a photographié leur conscience racontant au monde le récit personnel et criminel qui les a amenées à Grendon.

Egalement intéressant, le travail de la photographe Laura Cnosses (Here Press). Comme un journal intime, les correspondances et les photographies se mélangent. Laura Cnosses nous dévoile son amitié avec Richard Klinkhamer. Love Klink explore les enjeux de la vie après des années de détention d’un homme qui a tué sa femme. Le résultat est le récit sensible d’une relation maturée avec le temps, qui va au-delà du passé de cet homme, mais s’inscrit plutôt vers une vision future de retour à la vie quotidienne.

Chez Self Publish, Be Happy Edition il y a le sensuel et abstrait travail de Maya Rochat qui explore les limites de l’alchimie photographique par un livre volumineux, A Rock is a River. La mise en page laisse une belle place aux images. Précieux le livre d’artiste de Patrick Waterhouse, Restricted Images, une récolte d’illustration faites au Centre d’art Warlukurlangu en Australie, réalisée par des artistes warlpiri locaux. Le livre grand format de Carmen Winant, My birth, est une glorification de la vie. Une récolte de photographies anonymes de femmes en train de vivre l’expérience physique de la grossesse s’entremêle à l’expérience de la mère de l’artiste. Le rythme de lecture s’alterne avec des pages saturées de photographies de petits formats et des textes poétiques isolés. Ce projet a été présenté sous forme d’installation au Musée d’Art Moderne de New York en 2018.

Un livre d’artiste singulier, approchant l’univers magique de l’illusion et de la perception est Disappearing Object de Louis De Belle aux éditions bruno. Edité sous une forme ludique, il s’agit d’une série photographique qui documente les outils secrets des magiciens, ces petits artefacts, souvent des représentations anthropomorphiques du corps, sont cachés par le magicien afin de reproduire une illusion. De même, cette édition cèle entre ses pages les artefacts photographiés par De Belle, en invitant le spectateur à un « feuilletage exploratoire ».