Orthèses ou le paysage apprivoisé

« Orthèses » est un livre de Guillaume Bonnel publié par Arp2 Editions qui s’attache aux paysages de montagne à travers différents sites pyrénéens modifiés par l’aménagement du territoire.

Guillaume Bonnel né en 1972 est photographe et docteur en droit de l’environnement et de l’urbanisme, il s’est fait connaitre comme membre du collectif France(s) Territoire Liquide, et co-fondateur du collectif L’œil arpenteur. Il vit et travaille près de l’estuaire de l’Adour dans les Pyrénées atlantiques. C’est dans ces sites qu’il a mené pendant quatre ans de longues campagnes d’observatoires et de diagnostics des territoires qui ont abouti à l’exposition et au livre éponyme. Le terme issu de la médecine est proche de celui de la prothèse qui remplace un membre ou une articulation, quand l’orthèse est un appareillage qui aide une fonction, une articulation ou un membre.

Il justifie son titre en évoquant les actions des ingénieurs de l’Office National des Forêts sur les sites montagnards : « Dans les situations contraintes inhérentes aux zones d’altitude, les actions de l’homme sur le paysage prennent une dimension d’urgence instinctive, pour ne pas dire archaïque, et s’apparentent à une forme d’orthopédie ou de chirurgie à grande échelle. ».

Il a participé en 2018 à l’exposition de la BNF, Paysages français, une aventure photographique, 1984-2017 co-organisée par Raphaelle Bertho qui rédige sa préface qu’elle intitule « Tendre paysage ». Elle y montre comment le systématisme de son action le situe dans une tradition qui vient de pionniers tels les frères Bisson , Braun ou Civiale, qui passe ensuite par les campagnes menées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées jusqu’au Service de Restauration des Terrains de Montagne et ses recensements photographiques à partir de 1880. Elle en singularise l’action en écrivant
« La démarche de l’auteur nous invite à une réflexion en image sur l’action d l’homme sur la nature en nous donnant à voir un véritable paysage de l’anthropocène. »

Les paysages photographiés en plan généralement larges par Guillaume Bonnel dans leur frontalité comme dans leur apparente simplicité nous obligent à être très attentifs à tous les détails ce que la préfacière exprime en ces termes « Les structures photographiées sont discrètes, presque dissimulées, elles épousent les ondulations des versants e se glissent dans les plis de la roche. » Cette lecture différentiée du paysage nous permet de le réinventer en dehors de toute magnification.