Paris Photo une édition riche et diversifiée

Comme chaque année l’importance intrinsèque de Paris Photo se double de manifestations off comme Photo Saint Germain bien réactivée dans les galeries par Virginie Huet et Aurélie Mercadier, tandis qu’ Offprint à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts permet de se tenir au courant de l’actualité des éditions spécialisées et Fotofever en pleine progression qualitative complète ce panel. A l’instar de la FIAC, pour les 20 ans de la foire, Florence Bourgeois et Christophe Wiener ont encore dynamisé cette édition.

Si la foire se trouve principalement dédiée aux pratiques récentes ou actuelles l’offre historique reste très présente, on apprécie encore une fois l’excellence des choix de Françoise Paviot ou ceux de Howard Greenberg, mais s’y singularisent aussi les propositions autour du nu de Sophie Scheideker.

De nombreux stands manifestent des engagements forts c’est le cas de celui des Filles du Calvaire, on y repère le travail très singulier de Samuel Gratacap ses silhouettes hautes en couleurs entièrement voilées se détachent, mystérieuses, sur fond de désert et les collages de petits formats de Katrien de Blauwer réactivent cette pratique sans référence à des modèles historiques. L’un des stands les mieux conçus s’organise autour du dialogue de quatre artistes importants questionnant le genre c’est celui de Suzanne Tarasieve Tarasieve, on y apprécie comme toujours Jurgen Klauke , Boris Mikhaïlov, Juergen Teller et l’on découvre avec un grand intérêt Ming Wong.

Parmi les expositions en solo, pas si nombreuses, Patrick Bailly Maître Grand chez Baudouin Lebon poursuit ses expérimentations en noir et blanc sur les multiples champs iconiques. Le travail de Stéphane Couturier se développe avec toujours plus de liberté à la galerie Particulière qui accroche ses ensembles réalisés à Alger. La pratique de Thomas Mailaender évolue loin de ses amusantes provocations Chez Roman Read ses cyanotypes de grand format sont très convaincants dans une ironie politique plus distanciée. Dans la section Prismes un ensemble de moyens formats accroché en tableau nous permettent de renouer avec la vision urbanistique de Los Angeles développée par Anthony Hernandez.
Dans les relectures critiques les séries devenues cultes de Thomas Barrow, œuvres de 1968 à 1986 sur le stand d’Anne de Villepoix montrent ses photogrammes peints et ses assemblages photographiques faits de
négatifs coupés et déchirés.Ses espaces urbains des Cancellations s’opposent à la même époque aux paysages des nouveaux topographes plus proche de Rauschenberg . Cet artiste fut l’un des premiers à utiliser aussi le photocopieur dans sa série Verifax.

Avant son départ pour le MOMA de San Francisco Clément Chéroux accompagné de Karolina Ziebinska Lewandoska présente en 150 œuvres « Dix ans d’acquisitions au Centre Georges Pompidou ». Cette sélection intitulée The Pencil of Culture en hommage au premier livre de l’histoire de la photographie créé par Henry Fox Talbot, se propose en prenant en compte les tensions entre le local et le global, l’œuvre et le document de nous faire parcourir ces expériences allant « de la mémoire à l’identité, du point de vue à l’ex-voto ».
Une des révélations en est la série de Rudolf Steiner , tenant de la Subjektive Fotografie, Picture of me shooting myself, elle côtoie une série d’autofiction photo-texte d’Alan Sekula.

Il est intéressant de trouver sur de multiples stands des images performatives, celles de pionniers du body art tels Arnulf Rainer, ou Gina Pane et encore le très raffiné Jurgen Klauke . D’autres plus contemporains comme Gabriella Moravetz poursuivent leur expérimentation corps espace, ses dernières séries des Chambres d’(a)pesanteur restent aussi élégantes que subtiles. Mais c’est une bonne surprise de découvrir aussi des travaux inédits des années 1980 comme les grands formats de Peter Laurent Mol et de remonter jusqu’aux années 1960 avec des artistes de l’avant-garde polonaise trop peu connus en France : Natalia Lach-Lachowitz ou Jerzy Lewchwzynski. Dans ce domaine proche de la performance imagée, un échange de pratiques mixtes soutient le dialogue plastique de haute tenue entre Roger Ballen et Asger Carlsen.