La dimension critique du réseau

Revue d’art depuis 2006

« Paysages avec figures » de Claude Pauquet 

Exposition du 24 mars 2024 au 5 janvier 2025. Château d’Oiron

Claude Pauquet mène un travail photographique en s’attachant aux transformations des territoires et allant à la rencontre des gens. Pour certaines séries, il met en place un protocole de composition de l’image avec les personnes dont il dresse le portrait (séries Family, Private). Il fut invité à travailler sur le territoire de la nouvelle communauté de communes de Plaine-et-Vallées. Dans ce cadre, 45 lieux lui furent proposés et il en a sélectionné 25. Suite à cette première étape, un appel à participation fut lancé auprès d’habitants. En participant à ce « casting », ceux-ci contribuent à la construction de l’image du territoire qu’ils habitent. Ce projet photographique s’inscrit à la suite des commandes artistiques faites aux artistes, en relation avec les habitants du territoire, dont les œuvres font partie de la collection du château de Oiron.

La construction de l’image est le fruit d’un échange entre les volontaires et les lieux proposés. La prise de vue résulte d’une relation entre le photographe et la personne qui décide de se faire photographier. Dans des espaces ruraux, en retrait du flux d’activités, les participants se sont mis en scène en osant prendre des poses inhabituelles. Seuls ou à plusieurs, ils se sont pris au jeu de créer une situation à la frontière entre le rêve et la réalité. Certains ont pris des postures d’équilibriste nécessitant un effort, une concentration, une attention, une tenue. Les photographies donnent à voir ces moments suspendus et composés avec les protagonistes.  

Ces images renouent avec la tradition du portrait photographique. Claude Pauquet construit une fausse réalité en prenant le temps d’écouter les histoires des habitants, en les invitant à s’installer dans l’environnement qu’ils ont choisi. Certains ont créé leur propre décor en choisissant les éléments avec lesquels ils souhaitaient être pris en photo. D’autres apparaissent tels des héros de leur travail quotidien. « En apportant un soin constant au détail, en traitant le personnage et le paysage sur un pied d’égalité, je me place dans la démarche d’une esthétique documentaire qui s’intéresse au territoire et à ses occupants. » précise-t-il.

Cette série est présentée à la manière d’une galerie de portraits photographiques. Exposée juste au-dessus de la salle des grandes peintures dhistoire de la guerre de Troie, et de la vie du héros troyen Énée, elle nous invite ici à imaginer une diversité de récits possibles. L’image, prise dans une serre, d’une femme revêtue d’un voile, telle une mariée, attire de loin les premiers regards. Remarquons le propos d’Anaïs, qui ici semble jouer un rôle : « Dans la vie, on ne me voit pas. Là, on me reconnait à peine tant je suis devenue une autre. J’ai découvert la photo dans un journal local. Fierté complète. » Ainsi, les personnes prises en photographies semblent être comme sur un piédestal, devenues ainsi acteurs de leur propre histoire. 

Pauline Lisowski

Toutes les informations sur le site du château de Oiron

Le site de Claude Pauquet