Tami Notsani est une artiste d’origine israélienne , née en 1972, vivant entre Paris et Tel Aviv. Après des études de photographie à l’Ecole des Beaux Arts de Jérusalem elle a été diplômée du Studio National des Arts du Fresnoy. Dans sa préface elle revendique un attachement fort à la littérature grâce auquel elle justifie sa demande rare faite à une quarantaine de ses proches du milieu artistique de commente chacun une des images de son livre.
Si elle travaille généralement en séries, au moyen format, elle construit Poste restante sur une logique fictionnelle transversale qui ne tient pas compte de cette chronologie sérielle. C’est d’autant plus facile que l’ensemble des images reproduites ont été créées sur une période de quatre années environ. Périmètre (2010) concerne son environnement familial proche. Les séries Paté de maisons et Hexagones toutes deux datées 2011 renvoient à des architectures de différents pays et à des paysages produits en France. Pristina mon amour a été réalisée en 2014 au Kosovo.
Ce livre trouve tout son intérêt dans la diversité des écritures comme dans la variété des sujets photographiés, beaucoup de personnages y sont vus de dos, de nombreux paysages semblent inhabités, des jouets y sont parfois abandonnés. Tami Notsani a demandé des textes à différents proches, des journalistes, une psychanalyste, des artistes comme Julie Navarro ou Laurent Mareschal, et des critiques d’art : Ami Barak , Yves Chatap, François Cheval, Marc Donadieu, Christian Gattinoni, Marc Lenot …
Les textes existent en français et en anglais et une variation de traduction révèle une volonté de ne pas trop montrer le lien intime de l’artiste à ses sujets. Si l’anglais affiche Like Many Things in My Country pour les photos prises en Israël le français reste plus vague avec cette formule Comme beaucoup de choses dans ce pays.
Pourtant la revendication du cercle intime de ses sujets favoris, son fils ou sa jeune soeur est claire. Le lien aux paysages aimés bien que tristes et comme en déshérence s’affirme aussi dans des plans moyens qui en révèlent la proximité. En revanche le titre du livre établit une distance ou plutôt un délai temporel, celui que la photographe réclame aussi comme nécessaire à la finalisation de ses oeuvres.
Dans leur singularité ces textes ne constituent pas une critique au sens traditionnel, mais plutôt une sorte d’univers inconscient de ses images. Comme dans ces films qui comportent un grand nombre d’acteurs, le récit prend progressivement son sens de cette approche chorale des textes et des photographies.
L’image de couverture du livre présentant une grosse bouée cassée, échouée sur une plage, est commentée par François Cheval, résumant l’esprit général du livre il en écrit :
« Nous pensons en retrouvant certaines images lever quelques brumes et explorer des recoins du bonheur perdu.
Alors que la photo n’est qu’une immense tombe un monument à nos désillusions. »